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21 avril 2016 4 21 /04 /avril /2016 09:23
Classement RSF 2016 : l’héritage de la paranoyayi

Encore et toujours mal classé, ces dix dernières années c’est devenu une habitude. Qu’elle est loin désormais, l’époque où le Bénin pouvait se prévaloir d’être, non pas seulement l’usine du modèle démocratique africain, mais aussi le pays le plus respectueux de la liberté de presse sur le continent ! Mémoire d’outre-tombe. Ces performances, le Bénin les a réalisées du temps où un Général à la retraite, Mathieu Chabi Chaa’d Kérékou, ancien dirigeant despotique, avait repris en mains les destinées du pays. En ces temps-là, le pays était même mieux classé que la France, la prétendue « patrie des droits de l’homme ».

Aujourd’hui, notre meilleure performance, c’est le ventre mou du classement. Avec la mention « problèmes sensibles » que l’ONG Reporters Sans Frontières utilise pudiquement pour signifier que la liberté d’expression et surtout de presse souffre de restrictions notables. C’est cela aussi, l’héritage que laisse le régime médiocre de Boni Yayi à celui qui a pris sa succession. Et dont la responsabilité et la promesse est de « rompre » d’avec ce passé abject.

La paranoïa des dirigeants. C’est là l’explication essentielle trouvée par RSF pour expliquer la tendance globale des Etats dans le monde et plus particulièrement en Afrique, au musellement de la presse. Si on ne peut raisonnablement accuser l’ancien Président de la République d’avoir muselé la presse au Bénin, il faut à tout le moins reconnaitre l’œuvre malsaine de l’homme et de ses thuriféraires sur l’égalité d’accès de tous les citoyens aux médias du service public. Mon collègue et ami Expédit Ologou qui y travaille n’a-t-il pas récemment dénoncé la transformation de la Télévision nationale en « webcam personnelle du Chef de l’Etat » ?! C’est bien le cas de le dire. Jusqu’au dernier jour de son règne, Thomas Boni Yayi n’a pas laissé le moindre espace d’expression pour ses adversaires sur l’ORTB TV. Qui a déjà oublié la mise à mort de ce dernier espace de libre expression qu’était l’émission matinale « Bonjour citoyen » ? Qui a déjà oublié la bravade du journaliste Osias Sounouvou suppliant en direct le Chef de l’Etat de se faire « Charlie ORTB pour la liberté d’expression sur la télévision nationale » ? Qui a déjà oublié les interminables reportages consacrés à Boni Yayi, rien qu’à lui et les expressions élogieuses utilisées pour y flatter son égo ? Les autres organes de presse, constamment soumis aux pressions de toutes sortes ont bien dû souvent, pour leur survie, se mettre au pas. Et il aura fallu l’opiniâtreté de certains journalistes ainsi que la générosité de certains opérateurs économiques pour que subsiste une presse libre et crâneuse dans un univers pratiquement passé aux ordres.

L’héritage du paranoyayisme, c’est cela. La peur viscérale de Boni Yayi d’être contredit, qui a pendant longtemps, exclu le vrai débat politique de l’espace audiovisuel public et parfois même privé. C’est aussi avec cela que doit rompre la « rupture ». En finir avec la célébration du chef seul bon, seul beau, seul grand. Presque l’égal de Dieu. Pour l’instant, c’est bien parti. Tant et si bien que mes confrères de la télévision nationale ont peut-être un peu de mal à réaliser qu’ils peuvent passer une semaine, voire plus sans avoir une seule image du Président de la république à diffuser.

Mais la liberté de presse retrouvée ne doit pas se contenter de la seule bonne volonté aléatoire du grand manitou au pouvoir. Il faut aussi une presse juridiquement autonome et économiquement puissante. Capable de ruer dans les brancards en cas de nécessité. C’est le prix de la liberté retrouvée si nous voulons la préserver.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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20 avril 2016 3 20 /04 /avril /2016 13:59
La réconciliation qui craint

Parlons encore de réconciliation. Entre Thomas Boni Yayi, président sortant… que dis-je, président « sorti » de la république du Bénin, et son successeur, Patrice Guillaume Athanase Talon. Ainsi que vous le savez, les deux hommes se sont retrouvés autour de leurs homologues ivoirien et togolais il y a peu, pour sceller une nouvelle « paix des braves ». Si le caractère probablement fourbe et chimérique de cette fameuse réconciliation a déjà fait couler beaucoup d’encre et de salive, il y en a un autre qui fait autant gloser : ses implications profondes, au cas où elle serait sincère. Toute la question est de savoir si la paix retrouvée entre le nouveau et l’ancien Président du Bénin, amis de vieille date entretemps brouillés, pourrait avoir de fâcheuses conséquences sur les engagements de la rupture.

C’est enfin que l’on saura si Patrice Guillaume Athanase Talon est ou non, un homme de parole. Que l’on saura quelle valeur il accorde à ses promesses électorales. Quelle considération il voue à ceux qui ont voté pour lui. Patrice Talon a en effet été élu, justement parce qu’il incarnait à un moment donné de l’histoire, l’anti-Yayi le plus radical, le plus viscéral que l’on pouvait espérer. Parce qu’il concentrait contre lui l’essentiel de la hargne de Boni Yayi, décidé à empêcher un homme de rupture de prendre sa succession et de mettre fin à la gouvernance sordide qu’il avait instaurée à la tête de l’Etat sous diverses dénominations : changement, émergence, dictature du développement, refondation… Si le tsunami de la « rupture » a balayé tout cela, c’est parce que les électeurs attendaient une vraie rupture. Rupture d’avec le passé. Rupture d’avec la corruption. Rupture d’avec le régionalisme. Et surtout, rupture d’avec l’impunité.

Comment, dans ces circonstances, le nouveau Président de la République peut-il se permettre s’aller sceller un pacte de réconciliation avec son prédécesseur dont le régime a incarné toutes ces tares ? Quels effets collatéraux peut avoir cette réconciliation sur le processus de rupture engagé dès le premier Conseil des Ministres du nouveau gouvernement ? Les réconciliations politiques sont toujours l’occasion de petits arrangements entre copains sur le dos du petit peuple naïf. Qu’a demandé Boni Yayi en retour ? Qu’a offert Patrice Talon ? Les prochains jours nous permettront de savoir.

En attendant, savourons-en les retombées positives. Réjouissons-nous que Thomas Boni Yayi n’ait pas (pas encore peut-être), repris ses tournées dans le septentrion, en quête de sa chimérique république. Réjouissons-nous d’être ressortissants d’un pays où, après s’être combattus aussi violemment qu’ont pu le faire Patrice Talon et son prédécesseur, ils puissent, la bouche en fleurs, tout de sourire et d’amabilités, aller sceller une réconciliation mémorable sur les bords de la lagune Ebrié.

Tout de même, réconciliation ou pas, le régime du nouveau départ a pris des engagements vis-à-vis du peuple et des électeurs. Si cette réconciliation doit être de nature à battre en brèche ces promesses, elle serait bien mal venue. D’autant plus que l’on connait la valeur de la parole donnée quand elle vient de Boni Yayi. « Un chiffon de papier ». Ainsi avait-il qualifié l’accord politique conclu en mars 2006 entre l’Alliance de partis politiques « Wologuèdè » et lui dans le cadre du second tour de la présidentielle qui l’a conduit au pouvoir. Une expression qui devra inspirer Patrice Talon si jamais la réconciliation d’Abidjan devait lui être opposée comme un élément rédhibitoire dans sa gouvernance attendue comme celle qui tranchera avec le passé scabreux dont il a hérité de son prédécesseur.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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20 avril 2016 3 20 /04 /avril /2016 13:57
Boni Yayi et Patrice Talon, encore réconciliés !

Vous avez dit « encore ? » ! Figurez-vous que ma première réaction à cette annonce a été exactement la même. Toute la question est de savoir combien de temps, cette fois-ci, ça va durer. Thomas Boni Yayi et Patrice Guillaume Athanase Talon viennent encore, dans des effusions d’amabilités dignes de mémoires d’outre-tombe, de nous démontrer qu’ils étaient capables de se « réconcilier ». Cette fois, c’étaient Faure Gnassingbé et Alassane Dramane Ouattara à la manœuvre. Après le succès somme toute relatif de l’ancien Secrétaire Général de l’Organisation internationale de la Francophonie, Abdou Diouf et le fameux « pardon » douloureusement arraché aux deux hommes en 2014. Après les vains discours sur la réconciliation entendus de ci, de là en 2015. Après les embrassades artificielles du 6 avril 2016 et le don hypocrite de bible de Boni Yayi à son successeur au Palais de la Marina…

Les deux hommes depuis leur bruyante rupture en octobre 2012, se vouent une haine morbide. L’un aurait voulu occire l’autre. Et l’autre le lui a bien rendu. Qui, le premier en aurait eu l’idée ? Nous ne le saurons jamais. Toujours est-il que depuis, le feuilleton de la haine entre Boni Yayi et Patrice Talon s’est joué sous nos yeux, et que bien souvent, nous avons pris parti. Dans nos pensées, dans nos discours, dans nos actes. Et surtout dans nos votes. Nous les avons vus se déchirer au plus haut sommet de l’Etat. Nous avons surtout entendu l’ancien Président de la République attaquer. Accuser. Incriminer. Et Patrice Talon se défendre, ou se taire. Nous en avons entendu des vertes et des pas mures. Même vaincu, battu, retiré du pouvoir, Boni Yayi n’a pas renoncé à sa stratégie de haine et de division. Les discours va-t-en-guerre distillés depuis son retour dans ce qu’il semble rêver en « République du Septentrion » ne laissent guère de doute à cet effet. Et c’est ce qui justifie mon scepticisme quant à la sincérité et à la portée de cette énième réconciliation.

L’initiative d’Abidjan a certainement des vertus. Au moins deux. La première, c’est de tranquilliser Boni Yayi. Car, si l’ex-Président du Bénin se répand encore autant en diatribes sur son ancien ami et successeur, c’est aussi parce qu’il a craint à tort ou à raison pour sa vie par le passé, et qu’il est encore moins serein maintenant qu’il n’a plus la puissance publique, passée sous le contrôle de Patrice Talon, pour garantir sa sécurité. Si le parrainage de Faure Gnassingbé et Alassane Ouattara peut suffire à rassurer là où l’aura d’Abdou Diouf s’est trouvée limitée, tant mieux. L’autre vertu de la nouvelle réconciliation, c’est de permettre enfin au Président de la République du Bénin de se mettre au travail. Le travail pour lequel il a été choisi par les Béninois.

C’est justement là, quand il se sera mis plus résolument au travail, que Patrice Talon donnera l’impression de donner un coup de canif dans la paix retrouvée avec son ancien pote. Simplement parce que s’il a été élu, c’est pour des nécessités de rupture. Gouverner autrement. Changer de méthode. Corriger les absurdités commises sous Boni Yayi. Et le cas échéant, demander des comptes à qui de droit. Ca ne risque pas, les premiers jours l’ont déjà démontré, d’aller dans le sens de cette réconciliation.

Il faudra beaucoup plus que de chaudes accolades et de vigoureuses poignées de mains pour réaliser autour de la gouvernance de Patrice Talon le bel unanimisme qu’il semble être allé rechercher à Abidjan.

C’est mon espérance, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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18 avril 2016 1 18 /04 /avril /2016 12:51
Retard à l’allumage pour Patrice Talon ?

Douze jours. Douze interminables jours que Patrice Guillaume Athanase Talon est Président de la République du Bénin, Chef de l’Etat, Chef du gouvernement. Douze jours durant lesquels, hormis un Conseil des Ministres dont les décisions et les grandes annonces étaient somme toute attendues, pas grand-chose à se mettre sous la dent. Une discrétion au plus haut sommet de l’Etat dont nous avions perdu l’habitude. Attendu sur tous les dossiers, le nouveau Président se fait réservé, furtif, voire absent. Un style de gouvernance qui, après les dix ans d’excentricité et de voyeurisme de son prédécesseur, donne la vague impression que le nouveau capitaine ne tient pas encore le gouvernail du navire Bénin.

Il n’avait pas fallu 24 heures de pouvoir à Boni Yayi en avril 2006 pour inventer le mythe du Chef laborieux, boulimique du travail et activiste sur tous les fronts. Voyages. Sorties médiatiques. Audiences. Conseils des Ministres intempestifs. Rencontres au palais de la Marina avec les différentes couches de la société. Boni Yayi faisait feu de tout bois. Cela va durer dix ans. Bien entendu, à un moment donné, le charme fut rompu. L’état de grâce, s’est dissipé. Et la communication, usée, surusée, abusée et mésusée ne put rien pour rafistoler l’image d’un homme qui aimait qu’on le célèbre, qu’on le déifie, qu’on le glorifie alors même que ses mérites s’étiolaient par le fait l’usure du temps et de ses tares.

Succéder à cet homme n’a rien d’aisé. Patrice Talon s’en rend compte, je suppose. Il y a lieu de ne pas reproduire l’image de celui qui en faisait médiatiquement trop, mais il faut également savoir faire savoir que l’on a bien pris en mains la gouvernance de l’Etat. Un subtil équilibrisme politico-médiatique dont en douze jours, le nouveau Président de la République n’a pas donné la preuve. Sans doute suis-je trop pressé. Il y a bien déjà eu ces décisions à polémique issues du Conseil des Ministres. Il y a eu également entre autres celles prises par les Ministres Lazare Sèhouéto et Ange Nkoué dans leurs départements respectifs. Preuves de l’affirmation de l’autorité de l’Etat.

Mais il est des signes qui laissent accroire que le gouvernement cherche encore ses marques près de deux semaines après son installation. Sinon, comment comprendre que les lauréats des concours à polémique suspendus aient pu marcher sur la Présidence de la République sans autorisation préalable de la Mairie sauf erreur de ma part, sans dispositif policier pour les encadrer et sans que les autorités politiques directement concernées n’aient été celles qui ont reçu la motion de protestation des manifestants ? Comment comprendre que Boni Yayi, se permette d’organiser des rencontres avec les populations dans le septentrion où il est censé s’être retiré, et se répande en discours régionalistes sans que l’on n’ait ni autorisé, ni interdit ces meetings dits de remerciement ?

Le besoin de sentir le chef se fait sentir. Un chef présent, mais pas envahissant. Un chef discret, mais pas secret. Un chef au travail. Car du travail, ce n’est pas ce qui manque sur le chantier démesuré de la république dont on a hérité de la part du « changement », de « l’émergence » et de la « refondation ». Sans doute suis-je un peu trop pressé, je l’ai déjà dit. Comme beaucoup d’entre vous, d’ailleurs. Patrice Guillaume Athanase Talon saura trouver l’étalon de mesure pour être lui, et pas un autre… lui, et surtout pas l’autre !

C’est mon espérance, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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15 avril 2016 5 15 /04 /avril /2016 07:29
Image d'archive
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Il y a des gens, me semble-t-il, qui n’ont pas entendu dire que le Bénin a changé de Président, de régime, de gouvernance et donc que « plus rien ne sera comme avant ». Ces gens, ceux en tout cas qui viennent de le démontrer avec force vigueur, ce sont les lauréats des concours querellés de ces derniers mois que le Gouvernement de la « rupture », à l’occasion de son premier Conseil des Ministres, vient de suspendre sans autre forme de procès en attendant d’y voir plus clair. Voilà donc ceux qui hier s’enorgueillissaient d’avoir réussi à des concours auxquels certains parmi eux n’auraient même pas participé, désormais vent-debout contre ce que le gouvernement a accompli comme une œuvre de salubrité publique, l’une des premières du quinquennat, l’une des plus attendues des "rupturiens". Et, comme du temps de Boni Yayi, les voilà déversés dans les rues, slogans hostiles à la bouche, motion de protestation dans les mains, bandeaux rouges sur le front, désireux de faire revenir le Président de la République sur sa décision. Mais je l’ai dit et je le répète, espérant ne pas être démenti, plus rien ne sera comme avant.

C’est Thomas Boni Yayi, désormais ancien Président de la République, qui avait coutume du temps de ses deux interminables mandats à la tête de l’Etat (oui, cela m’a paru une éternité), de revenir sur ses décisions aussi brutalement qu’il les a prises, pour peu qu’un groupuscule de pseudo-partisans manifeste son mécontentement et menace de se détourner de lui à l’occasion des échéances électorales suivantes. L’ancien Président de la République carburait en effet au populisme. Surtout durant son premier mandat entre 2006 et 2011, Boni Yayi avait comme un besoin irréfragable de savoir que toutes les mesures qu’il prenait suscitaient l’adhésion du plus grand nombre. La moindre objection, la moindre marche de protestation, tant qu’elle ne venait pas de ses potentiels rivaux ou de ceux soupçonnés de les soutenir, pouvait le faire tourner casaque à 190 degrés.

La lutte contre le trafic de l’essence de contrebande, la désignation des Chefs-lieux des six départements créés par la Décentralisation, la réforme de l’exportation du bois béninois… Combien d’initiatives n’ont pas échoué simplement parce que le Chef de l’Etat était trop attentif aux marches ! Et combien d’autres initiatives n’a-t-il pas entreprises tout simplement à la demande de manifestants bruyants ! Tant et si bien que, ceux qui ont éprouvé l’efficacité de la recette viennent de la ressortir à la première occasion. Réponse inappropriée à une simple mesure de suspension qui vise à mettre les choses au clair, reconnaitre les mérites de ceux qui en ont et extirper les importuns du lot des admis aux fameux concours. Du moins, je suppose.

La meilleure voie de protestation n’est pas la rue. Sinon, il ne manquerait plus que les Directeurs de Cabinets, Directeurs adjoints de Cabinets, Secrétaires généraux de Ministères désormais privés des avantages que voulait leur octroyer Boni Yayi, les membres du Cabinet de l’ancien Président de la République désormais au chômage, les utilisateurs outranciers de gyrophares et sirènes désormais réduits au silence et à la sobriété, etc. se lancent dans les marches de protestation, les meetings, les messes à travers le pays pour que Patrice Talon décide de leur octroyer des avantages tout au moins subsidiaires.

Il est vrai que marcher, ça use le talon. Mais ça n’use pas tous les Talon.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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14 avril 2016 4 14 /04 /avril /2016 09:02

REPUBLIQUE DU BENIN

Fraternité – Justice - Travail

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PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE

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SECRETARIAT GENERAL DU GOUVERNEMENT

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N° / PR/SGG/CEM/OJ extra/ORD

Communiqué

Le Conseil des Ministres s’est réuni le mercredi 13 avril 2016, sous la présidence de Monsieur Patrice TALON, Président de la République, Chef de l’Etat, Chef du Gouvernement.

Cette première réunion des membres du Gouvernement a été consacrée à l’examen d’un ordre du jour spécial.

Au début de la séance, le Président de la République a défini ses orientations et directives sur le fonctionnement du Gouvernement notamment les bases de sa réussite en matière de gouvernance.

Au cours de la séance, le Secrétaire Général du Gouvernement a présenté un exposé sur la procédure d’instructions des dossiers en Conseil des Ministres.

La nouvelle procédure instaure la tenue régulière des comités interministériels en amont du Conseil des ministres. Cette méthode contribue à réduire considérablement la durée des réunions gouvernementales et participe de la qualité de la prise de décision. Le Conseil des Ministres se tiendra selon les instructions du Chef de l’Etat les mercredis de 9h à 12h.

Certains Ministres ont évoqué des points particuliers relatifs à leur prise de fonction.

En outre, le conseil s’est penché sur quelques préoccupations majeures des populations relatives à l’offre d’énergie, à la disponibilité des produits pétroliers, aux trois secteurs de l’éducation, à la santé, à la fonction publique et à la préparation de la campagne agricole.

Dans la même rubrique, le Ministre de l’Economie et des Finances a rendu compte de la situation de la trésorerie publique au regard des opérations de fins de mois.

A cet effet, au 07 avril 2016, le point de la trésorerie est de quarante-sept (47) milliards de franc CFA contre un besoin immédiat de cent soixante (160) milliards FCFA.

Le Conseil s’est également prononcé sur la pertinence de la gestion des projets par les Agences spécifiques en lieu et place des Directions techniques des ministères.

Le Conseil, tenant compte des informations qui lui sont parvenues sur des irrégularités et abus qu’auraient engendrés la prise de certains décrets et autres décisions administratives, a décidé de la suppression des décrets ci-après :

  • décret n°2016-024 du 11 février 2016 portant régime indemnitaire applicable aux directeurs de cabinets des ministres, aux Secrétaires généraux des ministères et à leurs adjoints
  • décrets d’application de la loi 2015-20 du 19 juin 2015 portant statut spécial des personnels des forces de sécurité publiques et assimilées notamment :
    • décret n°2016-127 du 5 avril 2016 portant règlement des habillements et des attributs du personnel des Douanes ;
    • décret n°2016-128 du 5 avril 2016 portant statuts particuliers des Corps et Personnels de l’Administration des Douanes et Droits Indirects ;
    • décret n°2016-129 du 5 avril 2016 portant règlement de service de l’Administration des Douanes ;
    • décret n°2016-130 du 5 avril 2016 portant règlement de service à la Police Nationale ;
    • décret n°2016-131 du 5 avril 2016 portant allocation d’indemnités aux fonctionnaires de police recrutés spécialistes ;
    • décret n°2016-132 du 5 avril 2016 portant allocation d’indemnités et avantages aux fonctionnaires de police affectés dans les offices, unités, services et brigades spécialisés ;
    • décret n°2016-133 du 5 avril 2016 portant avantages spécifiques alloués aux personnels de santé de la police nationale ;
    • décret n°2016-134 du 5 avril 2016 portant création, attributions, organisation et fonctionnement de la compagnie de musique à la police nationale + primes ;
    • décret n°2016-135 du 5 avril 2016 portant création, attribution, organisation et fonctionnement de la Direction du service de santé de la police nationale ;
    • décret n°2016-136 du 5 avril 2016 portant création, attribution et fonctionnement des unités spécialisées à la police nationale ;
    • décret n°2016-138 du 5 avril 2016 portant allocation d’indemnités forfaitaires aux autorités de la police nationale et à leurs collaborateurs immédiats ;
    • décret n°2016-139 du 5 avril 2016 portant attributions de primes de qualifications aux fonctionnaires de la police nationale titulaire du diplôme du brevet professionnel ;
    • décret n°2016-140 du 5 avril 2016 fixant les émoluments et avantages accordés aux officiers généraux des forces de sécurité publique et assimilées ;
    • décret n°2016-141 du 5 avril 2016 portant attributions des indemnités de logement aux personnels de forces de sécurité publique et assimilées ;
    • le décret n°2016-142 du 5 avril 2016 fixant une indemnité de sujétions particulières aux personnels des forces de sécurité publique et assimilées ;
    • décret n°2016-143 du 5 avril 2016 fixant les modalités de prise en charge des frais d’obsèques des personnels des forces de sécurité publique et assimilées, de leur conjoint et de leurs enfants ;
    • décret n°2016-144 du 5 avril 2016 portant attribution de primes de premières installations aux personnels des forces de sécurité publique et assimilées ;
    • décret n°2016-145 du 5 avril 2016 portant attributions de primes de risque aux personnels des forces de sécurité publique et assimilés.

Par ailleurs le Conseil a également examiné les points suivants :

  1. Filière des véhicules d’occasion

Le Conseil des Ministres a décidé de la suspension de l’arrêté n°1352/MEFPD/DC/SGM/DGDDI portant augmentation et fixation du mode de répartition du produit du fonds « escorte douanière » des véhicules en transit au Bénin.

A cet égard, il sera mis sur pied un audit des redevances payées sur la filière des véhicules d’occasion.

  1. Passation de marchés publics et Ordres de Paiement

Dans le but de clarifier les opérations récentes de passation de marchés publics, le conseil a décidé de la suspension de certains marchés de travaux d’infrastructures en vue d’une expertise appropriée et de faire le point des garanties souveraines.

De même, le Ministre de l’Economie et des Finances a été instruit pour faire le point des Ordres de Paiement en vue de clarifier les différentes situations.

  1. Parc automobile de l’Etat

En vue de préserver le parc automobile de l’Etat, et d’en faire un état des lieux complet, tous les membres du Gouvernement sont instruits pour suspendre la réforme en cours de véhicules administratifs.

  1. Concours de recrutement

Le Conseil des Ministres a décidé de suspendre la procédure d’engagement dans la Fonction publique, des agents recrutés à l’occasion des concours organisés depuis le 1er janvier 2015 dans tous les corps de l’Etat notamment : douanes, impôts, trésor, justice, enseignement, jeunesse et sports.

Il a en outre décidé du gel de tous les recrutements dont le processus est en cours.

  1. Mouvements diplomatiques

Le Conseil des Ministres a décidé de la suspension des nominations et des affectations intervenues dans les postes diplomatiques depuis le 31 mars 2016 aussi bien en ce qui concerne le personnel civil que militaire.

  1. Nomination à la Cour de Justice de l’UEMOA

La nomination de Magistrat à la Cour de Justice de l’UEMOA intervenue au cours du Conseil des Ministres du 26 mars 2016 est annulée.

  1. Audits à commander

Une mission de contrôle et de vérification sera dépêchée les prochains jours dans les postes diplomatiques de Paris et Washington.

Par ailleurs, un audit du personnel civil de la Présidence de la République sera effectué par un cabinet indépendant spécialisé.

La restructuration de l’organigramme de la Présidence de la République est envisagée de même qu’un audit informatique des services.

  1. Passeports diplomatiques et de services

Le ministre des affaires étrangères a rendu compte au Conseil des Ministres de la mesure transitoire envisagée par rapport aux passeports diplomatiques et de service dans le cadre de la mise en circulation obligatoire des passeports biométriques pour compter de 2018.

A ce titre, le Gouvernement a décidé de l’annulation des anciens passeports diplomatiques et de service, six mois après la mise en circulation effective des passeports biométriques, diplomatiques et de service.

  1. Préservation des forêts

Dans le domaine du Cadre de vie et du développement durable en raison des menaces graves qui pèsent sur nos forêts, le Ministre est instruit pour prendre des mesures conservatoires.

A cet effet, l’exportation de bois ainsi que les agréments d’exploitation des produits forestiers sont suspendus.

  1. Campagne agricole 2016-2017

S’agissant de la campagne agricole 2016-2017 et dans le cadre d’un retour à la normale de l’organisation de la filière cotonnière, le Conseil des Ministres a décidé de mettre fin aux réquisitions des usines d’égrenage de coton.

A cet effet, le Ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche instruira le Directeur général de la SONAPRA aux fins de régler les redevances de réquisition, conformément au décret n°2014-533 du 25 août 2014 portant réquisition des usines de la Société pour le Développement du Coton (SODECO).

Une commission a été mise sur pied pour vérifier des diligences accomplies dans la fourniture d’intrants agricoles au titre de la campagne 2016-2017.

  1. Utilisation anarchique des gyrophares et sirènes.

Pour mettre fin à l’utilisation anarchique des gyrophares et des sirènes, le Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique a été instruit pour actualiser l’Arrêté y afférent. Le contenu du nouvel Arrêté fera l’objet d’une large diffusion.

Toutefois, au titre des Hautes personnalités, seul le Président de l’Assemblée Nationale bénéficie d’un service léger d’escorte par motards en cas de nécessité.

  1. Commission chargée des réformes politiques

Une commission chargée des réformes politiques a été mise en place.

Sa mission est d’étudier et de proposer au Président de la République les réformes politiques et institutionnelles visant à améliorer le modèle politique béninois conformément aux options fondamentales de la Conférence Nationale de février 1990.

  1. Efficacité de l’administration publique.

En vue d’assurer une meilleure disponibilité du personnel de l’administration publique, des offices et sociétés d’Etat, l’utilisation des postes téléviseurs est proscrite dans les bureaux des agents.

  1. Déclaration des biens et du patrimoine

Dans le cadre de la déclaration des biens et du patrimoine des membres du Gouvernement, le Président de la République a instruit tous les Ministres pour qu’ils s’acquittent de cette obligation constitutionnelle dans les plus brefs délais.

  1. Abrogation des décrets portant nomination des membres du Cabinet de l’ancien Président de la République.

Les décrets portant nomination du Directeur de Cabinet, du Directeur Adjoint de Cabinet, des Conseillers Spéciaux, des Conseillers Techniques et du Chef de Cabinet de l’ancien Président de la République sont abrogés.

Enfin, le Directeur général de l’Agence Nationale de l’Aviation Civile (ANAC) est relevé de ses fonctions.

Fait à Cotonou, le 13 avril 2016

Le Secrétaire Général du Gouvernement,

Edouard OUIN OURO

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14 avril 2016 4 14 /04 /avril /2016 08:30
Du nouveau départ comme du changement ?

Démarrage en trombe ! Si ça ne vous rappelle rien, à moi si. Beaucoup. Nous sommes en avril 2006. Un boute-en-train vient d’accéder au pouvoir. A cette époque-là, on l’appelait encore Yayi Boni. Il incarnait ce que nous voulions tous, ou presque : le changement. Il était perçu en réformateur, en sauveur, en messie. Aux premiers jours de sa gouvernance, branle-bas de combat. Plus rien, pensions-nous, ne serait comme avant. Exit la corruption, exit la gabegie, exit la pauvreté ! Nous y croyions. Et en 2016, dix ans de corruption décuplée plus tard, dix ans de gabegie renforcée en sus, dix ans de pauvreté endurcie en supplément, nous avons viré celui qui est devenu Thomas Boni Yayi, rejeté son dauphin, et nous voici de nouveau à y croire.

Cette fois-ci, le Chef de l’Etat, c’est Patrice Talon. Patrice Guillaume Athanase Talon. Pour montrer à son prédécesseur à quel point il nous avait déçus, nous ne pouvions mieux choisir. L’ancien compagnon. L’ancien ami devenu ennemi. Ennemi intime. Ennemi à mort. Chantre d’une rupture voulue brutale et totale. Rupture d’avec toutes les pratiques, celles dont lui-même fut initiateur et bénéficiaire et les autres. Une rupture qui, pour ses premières heures, donne un gout de déjà-vu.

Retour en avril 2006. Yayi Boni est tout nouveau Président de la République. Il doit démontrer que nous avons eu raison de croire en lui. Il lui faut des annonces sensationnelles, des mesures spectaculaires. Il les obtient facilement : les caisses de l’Etat sont laissées presque vides par le régime défunt. 200 misérables millions de francs seulement y subsistaient. Le nouveau gouvernement de cette époque lance des audits à tour de bras pour situer les responsabilités. Des mesures de salubrité publiques sont annoncées, prises. Puis… rapportées. Les résultats des audits disparaissent. La marche verte contre la corruption, vous vous en souvenez, lance paradoxalement le signal de la gabegie banalisée. Yayi Boni laisse place à Thomas Boni Yayi, celui qui voulait se succéder à lui-même. Et le changement se grippe. J’exagère juste un peu.

2016, premier Conseil des Ministres de Patrice Talon. Le relevé est sans équivoque. Les comptes de l’Etat sont déficitaires. Les caisses sont vides. Des mesures sont annoncées. A côté de la suspension des scabreux concours contestés de longue date, le régime de la rupture promet des audits, des expertises, des abrogations de décrets scélérats. Et la bourrasque du « nouveau départ » souffle comme souffla celle du « changement »… Mais une dissemblance fondamentale devrait permettre le succès de l’un là où l’autre a sombré.

Patrice Talon à la différence de Boni Yayi, ne rêve pas d’un second mandat. Il l’a dit et répété avec conviction. Certes, certains de ses détracteurs l’accusent de ne savoir pas tenir parole, mais il y a de ces engagements qu’on ne peut ne pas respecter. Pas besoin pour le Président de la République de chercher à amadouer outre mesure d’éventuels partisans au point d’en renoncer à ses réformes essentielles et à la lutte contre la corruption tant promises. Au surplus, celui que l’on appelle « le compétiteur né » en référence à ses propres propos, n’ignore pas qu’il est marqué à la culotte sur ces dossiers. Et que s’il veut restaurer sa crédibilité et son honneur vendangés par Boni Yayi et sans doute un peu par lui-même, il n’a pas intérêt à échouer.

Cela est déjà suffisant pour faire la différence avec celui qui l’a bien piteusement précédé dans l’exercice des plus hautes fonctions de la république.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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13 avril 2016 3 13 /04 /avril /2016 16:17
Adrien Houngbédji à fond dans la « rupture »

Me Adrien Houngbédji retrouve du lustre. Après le camouflet, que dis-je, la déculottée qu’a constitué pour lui et ses alliés circonstanciels la défaite de leur candidat à la présidentielle de mars 2016, il n’aura pas fallu beaucoup de temps pour que le patron du Parti du Renouveau Démocratique (PRD) renoue avec son discours et sa posture de ces dix dernières années, rejoignant ainsi avec armes et bagages, le « nouveau départ ». Et pour qu’il puisse en être ainsi, le Président de l’Assemblée nationale a des atouts maitres que même ceux qui redoutent de le voir arriver dans la rupture ne peuvent lui contester.

Adrien Houngbédji l’a annoncé de vieille date, il n’entend pas faire subir encore à son parti et à ses partisans, quelles que soient les circonstances, la disette de l’opposition durant cinq nouvelles années. Une décision qui, si elle a été critiquée de toutes parts pour son incongruité et son impudeur, n’est sans doute pas pour déplaire au tout nouveau Président de la République Patrice Guillaume Athanase Talon, qui sans être « demandeur » de quoi que ce soit, l’expression doit rappeler des choses à Me Houngbédji, peut déjà compter sur le soutien du premier parti politique à l’Assemblée nationale et ses dix députés pour la conduite et l’aboutissement de ses réformes. Voilà un partenaire sur lequel on ne crache pas. Une annonce publique de ralliement dès les lendemains du scrutin présidentiel, des amabilités remarquables durant la cérémonie d’investiture du nouveau Chef de l’Etat, une visite de courtoisie du nouvel élu au domicile de son nouvel allié… Et voilà Adrien Houngbédji chaleureusement accueilli dans la barque du nouveau départ.

Le discours du Président de l’Assemblée nationale à l’occasion de l’ouverture la première session ordinaire de l’institution pour le compte de l’année 2016, ne laisse pas grand doute à cet effet. La convergence de vue entre les grandes réformes envisagées par le Chef de l’Etat et le diagnostic établi par celui du Parlement sont mis en évidence. Me Adrien Houngbédji fustige de nouveau la gouvernance Yayi, en déplore les funestes conséquences et souhaite que Patrice Talon voie son quinquennat couronné de succès.

Pour en arriver là, le Chef de l’Etat doit encore compter ses soutiens parlementaires. Il lui en faut. Beaucoup. Ils n’ont pas été très nombreux dans les premiers moments, à l’assurer de leur appui. Dans l’entre-deux-tours, certes les ralliements furent massifs, mais la force des convictions à ce niveau se mesure au prorata de la récompense attendue en retour. Adrien Houngbédji qui pour l’instant ne demande rien fait figure dans ces circonstances d’excellent allié. Dix voix garanties au parlement et la position stratégique de Président de l’Assemblée nationale. De plus, rien de ce qui a opposé prématurément Boni Yayi à au « Hagbè national » n’est ici à craindre : ni l’un, ni l’autre n’est candidat à une quelconque succession et ne devrait donc prendre son vis-à-vis en adversité. Et si Talon sait rendre au PRD son soutien, rien ne devrait venir troubler l’idylle naissante entre les deux plus hautes personnalités de la république.

Il ne sera pas dit en tout cas que si le nouveau départ venait à échouer, ce serait la faute de Me Adrien Houngbédji venu malgré les quolibets à la barque de la rupture. Mais s’il n’a officiellement rien demandé jusque là, il ne dédaignerait certainement pas une juste récompense en retour.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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12 avril 2016 2 12 /04 /avril /2016 08:38
Les Hommes du Président

Thomas Boni Yayi avait les siens. Les Komi Koutché, Amos Elègbè, François Abiola et Lionel Zinsou. Ce furent les derniers. Patrice Guillaume Athanase Talon n’en a pas moins. Ils sont quatre. Quatre gros bonnets dont l’entrée au gouvernement n’a pas surpris grand monde. Pascal Irénée Koupaki. Abdoulaye Bio Tchané. Joseph Fifamè Djogbénou. Candide Armand-Marie Azannaï. Le nouveau Président leur a attribué les portefeuilles ministériels les plus importants. Entre la composition du gouvernement avec sa hiérarchie formelle et les rapports individuels entre le Chef de l’Etat et ses ministres, il y a un subtil dosage qui révèle la puissance de chacune de ces quatre personnalités au sein de l’appareil et auprès du boss.

  1. Joseph Djogbénou : A en juger par leurs relations, peu de gens hésiteraient à lui octroyer la place de numéro un. Il était jusqu’à il y a peu, l’avocat personnel de Patrice Talon dans les nombreuses affaires qui opposaient celui-ci au gouvernement et à la personne de Thomas Boni Yayi. C’est sans regimber, bien au contraire, qu’il a renoncé à sa candidature à la présidence de la République pour apporter un soutien franc et sans retenue à son client. Et c’est toute l’expertise politico-juridique dont il est capable qu’il a exercée aux côtés de ce dernier pour contribuer à la victoire finale. Dans toutes les batailles, des plus épiques aux plus discrètes, on avait toujours vu les deux hommes ensemble.
  2. Candide Azannaï : S’il est un homme qui a pris des risques parmi les plus insoupçonnés pour marquer la rupture avec le régime défunt et son ralliement à la cause de Patrice Talon, c’est bien lui. Qui a déjà oublié la tentative d’arrestation manquée qui va tourner à l’émeute généralisée à Cotonou et Abomey-Calavi le 4 mai 2015 ? Qui a oublié les invectives et les noms d’oiseau que le parlementaire qu’il était n’hésitait pas à échanger avec le Chef de l’Etat en exercice à cette époque rien que parce qu’il avait choisi Talon ? Lui aussi était omniprésent dans les moments les plus cruciaux et plus que jamais au cours de la campagne électorale 2016 dont il fut un des plus grands stratèges. Tout ministre délégué qu’il est devenu, le tout dernier dans la hiérarchie gouvernementale, il n’en est pas moins un des majeurs.
  3. Pascal Irénée Koupaki. Une vieille connaissance, un grand frère pour le nouveau Président. Un travailleur invétéré, organisé et scrupuleux. Il était déjà au gouvernement de Boni Yayi quand Patrice Talon en était encore l’éminence grise. Il s’en laissera débarquer un an après la fuite en exil de ce dernier sans jamais publiquement se prononcer sur l’affaire la plus emblématique de l’époque, les tentatives présumées de coup d’Etat et d’empoisonnement. C’est sa position dans le nouveau gouvernement qui est prépondérante. Ministre d’Etat, Secrétaire général de la Présidence de la République. Il récolte les mérites de son soutien au second tour et surtout de ses talents de technocrate. L’homme fort sur papier, c’est lui. L’étendue de ses pouvoirs, on en saura plus quand les attributions réelles de son poste seront rendues publiques. En attendant, c’est lui qui coordonne l’action gouvernementale. Et ce n’est pas rien.
  4. Abdoulaye Bio Tchané. L’autre technocrate patenté. Il présente l’avantage d’incarner au sein du gouvernement une région septentrionale qui aura presque tout raté en 2016. Il n’a certes sans pas d’atomes crochus avec Patrice Talon, mais c’est une personnalité de premier plan qu’il ne faudra pas décevoir au sein du gouvernement pour ne pas fâcher ceux que "l’autre" appelait « les siens ». Ce n’est pas par hasard s’il est fait Ministre d’Etat, en charge du développement et de la planification.

Au-delà de ces quatre ténors, il y a d’autres hommes forts au sein du gouvernement mais aussi en dehors. Le bras droit de toujours, Olivier Boco, les stratèges en communication, Edouard Loko et Charles Toko, l’argentier Romuald Wadagni, le diplomate Aurélien Agbénonci, l’ancien patron de la LEPI, Sacca Lafia… Ce sont ceux qui, sous le leadership que saura ou non imprimer Patrice Talon, feront le succès ou l’échec du quinquennat « unique ».

Il n’y a donc pas d’homme fort aux côtés du Président Talon, il y a des hommes forts.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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11 avril 2016 1 11 /04 /avril /2016 09:22
Nouveau départ : Lazare Sèhouéto, avant-gardiste ou trop pressé ?

Maurice Lazare Sèhouéto n’a pas perdu de temps. Quelques heures seulement après sa nomination, il a par une lettre dite « confidentielle », mais qui ne l’est pas et qui ne pouvait pas l’être d’ailleurs, pris un acte suspendant purement et simplement de leurs fonctions les Directeur de cabinet, Directeur adjoint de cabinet et autres directeurs techniques ayant servi sous son prédécesseur. Le tout nouveau Ministre l’industrie du commerce et de l’artisanat précise dans son adresse aux cadres précités, son intention de constituer un nouveau cabinet. Rien de bien anormal, sauf que l’acte en question date du 08 avril 2016, 24 heures à peine après la constitution du nouveau gouvernement, et qu’aucun autre Ministre, pas même les poids lourds, n’a encore pris une telle mesure. S’agit-il alors purement et simplement d’une impatience mal contenue comme certains le laissent entendre ou d’une initiative aux vertus que même l’auteur ne soupçonne pas ?

Il est indubitable que Maurice Lazare Sèhouéto est pressé. Comment pouvait-il en être autrement après une dizaine d’années passées dans l’opposition à subir la disette des privilèges, mais aussi et surtout à voir se déliter plus qu’elle ne l’avait jamais été la gouvernance au sommet de l’Etat ? Pressé sans doute de débarrasser ses nouveaux azimuts de ceux qui y ont travaillé au changement, à l’émergence et à la refondation avec zèle souvent, arrogance parfois, et bien sûr le succès très relatif que l’on sait. Pressé aussi de marquer les esprits, d’imprimer son timbre, d’exercer une autorité politique à laquelle il a dit adieu depuis dix ans. La roue tourne.

Mais au-delà de l’empressement, il faut remarquer que dans son courrier, le Ministre annonce « son intention » de constituer un nouveau cabinet. On peut dès lors lui reprocher d’avoir ajouté une information superflue, mais aussi de faire mine d’ignorer que la nomination des collaborateurs des ministres est une prérogative du Conseil des Ministres. Mais ce faisant, Maurice Lazare Sèhouéto montre subtilement sa volonté de rompre avec certaines pratiques récentes. La nomination des Directeurs de cabinets et Directeurs adjoints de cabinet était hier encore à la discrétion presque exclusive du Chef de l’Etat d’alors, Thomas Boni Yayi. C’est lui qui la plupart du temps, les désignait. Comme bon lui semblait et quand il le jugeait nécessaire, même si cela pouvait prendre des années. Certains en étaient tant et si bien conscients qu’ils n’avaient que peu d’égards pour leurs ministres de tutelle réduits au rang de simples collaborateurs qu’ils voyaient arriver et partir comme des locataires. A ce titre, le message de Lazare Sèhouéto était-il vraiment adressé aux cadres suspendus ou au nouveau Président de la République ? N’était-ce pas là une manière déguisée de lui rappeler son obligation non seulement de laisser les Ministres constituer leurs cabinets à leur guise, mais aussi de les constituer le plus rapidement possible ?

S’il fait donc figure d’homme pressé, trop pressé peut-être, le nouveau Ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat présente aussi l’avantage d’apparaitre comme un homme prévenant. Ce qui n’est surement pas pour déplaire à ses collègues du gouvernement. Et si Patrice Guillaume Athanase Talon sait lire entre les lignes, ce dont je ne doute pas, il comprendra qu’une partie du message lui est adressée. Un message qui n’était peut-être pas si vain qu’il peut y paraitre.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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