Liaisons incestueuses, divorces fracassants, mariages déraisonnés… En prélude au départ de Thomas Boni Yayi du pouvoir en avril 2016, la classe politique béninoise est en plein chambardement. Et pour cette quatrième alternance attendue de l’ère du renouveau démocratique, il se passe qu’en fait de chambardement, c’est à un véritable capharnaüm, une indescriptible chienlit, un total embrouillamini que l’on est rendus. Avec pour premières et principales victimes les convictions politiques, abandonnées, perdues ou oubliées.
Que Me Adrien Houngbédji, inventeur et dépositaire légal du terme « gouvernement ventilateur », que Léhady Vinagnon Soglo qui ne voulait pas, disait-il, « vendre son âme au diable pour un plat de lentilles », que le sémillant et opiniâtre opposant de toujours Camille Eric Houndété convergent tous ensemble vers le candidat de Thomas Boni Yayi, le candidat de la continuité de l’action gouvernementale qu’ils ont à plein temps ou à temps partiel combattue, il y a de quoi parler de pot-pourri. Que Marcel de Souza, Karimou Chabi Sika et Alexandre Hountondji, grands bénéficiaires du régime du changement et de la refondation se retrouvent dans une coalition dite de la rupture au même titre que Patrice Guillaume Athanase Talon et Sébastien Germain Ajavon, il y a de quoi parler de chienlit. Que des Gatien Houngbédji, Arifari Bako et autres El Hadj Issa Azizou se maintiennent candidats contre le dauphin de Yayi et la volonté de ce dernier dont ils ont servi les intérêts jusqu’au dernier moment sans que l’on ne sache ce qu’ils sont capables de décider à l’occasion d’un éventuel entre-deux-tours, il y a lieu de parler de pagaille.
C’est ainsi donc au Bénin, que se déroule au pas de charge la recomposition, que dis-je, la décomposition de la classe politique dans la perspective de la présidentielle de février et mars 2016. La conviction commune de tous ces leaders, c’est qu’il ne faudra pas se retrouver dans l’opposition à l’issue du scrutin. Conviction partagée sans aucune prise en compte des différences et des divergences entre les candidats. Conviction partagée sans aucun égard pour les quelques projets de société que les candidats les plus en vue n’ont pu se passer de rendre publics tout en sachant qu’ils ne serviront qu’à satisfaire quelques intellectuels désœuvrés qui vont s’adonner à l’exercice de la comparaison et quelques autres qui en font un critère d’évaluation du candidat.
Pour qu’on en arrive là, il aura fallu qu’un certain Thomas Boni Yayi, ci-devant Président de la République, Chef de l’Etat, Chef du Gouvernement, Chef suprême des Armées, Président du Conseil supérieur de la Magistrature, etc… apprenne par sa gouvernance à la limite du totalitarisme, à la classe politique dans son ensemble et à l’opposition en particulier, à quel point il peut être incommode de se positionner durant une période, si courte soit-elle, contre les desiderata de celui qui est aux affaires.
La question est de savoir si dans cette course effrénée au repositionnement, les acteurs politiques anciens comme nouveaux, songent à corriger la chose. Peu probable. On ne peut faire raisonnablement confiance, même à ceux qui jurent de tout vouloir changer, pour changer ça. Plus il est absolu, plus le pouvoir est doux. Et plus on se laisse aller à ses douceurs, moins on peut vouloir les supprimer. Le régime présidentiel béninois
Une chose est certaine, en retournant leurs vestes avec une telle facilité, les hommes politiques démontrent au moins leur capacité à collaborer les uns avec les autres malgré leurs différences. Ceci est peut-être le gage de paix dont nous avons tant besoin par les temps qui courent.
C’est mon opinion, et je la partage.
James-William GBAGUIDI
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