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12 avril 2016 2 12 /04 /avril /2016 08:38
Les Hommes du Président

Thomas Boni Yayi avait les siens. Les Komi Koutché, Amos Elègbè, François Abiola et Lionel Zinsou. Ce furent les derniers. Patrice Guillaume Athanase Talon n’en a pas moins. Ils sont quatre. Quatre gros bonnets dont l’entrée au gouvernement n’a pas surpris grand monde. Pascal Irénée Koupaki. Abdoulaye Bio Tchané. Joseph Fifamè Djogbénou. Candide Armand-Marie Azannaï. Le nouveau Président leur a attribué les portefeuilles ministériels les plus importants. Entre la composition du gouvernement avec sa hiérarchie formelle et les rapports individuels entre le Chef de l’Etat et ses ministres, il y a un subtil dosage qui révèle la puissance de chacune de ces quatre personnalités au sein de l’appareil et auprès du boss.

  1. Joseph Djogbénou : A en juger par leurs relations, peu de gens hésiteraient à lui octroyer la place de numéro un. Il était jusqu’à il y a peu, l’avocat personnel de Patrice Talon dans les nombreuses affaires qui opposaient celui-ci au gouvernement et à la personne de Thomas Boni Yayi. C’est sans regimber, bien au contraire, qu’il a renoncé à sa candidature à la présidence de la République pour apporter un soutien franc et sans retenue à son client. Et c’est toute l’expertise politico-juridique dont il est capable qu’il a exercée aux côtés de ce dernier pour contribuer à la victoire finale. Dans toutes les batailles, des plus épiques aux plus discrètes, on avait toujours vu les deux hommes ensemble.
  2. Candide Azannaï : S’il est un homme qui a pris des risques parmi les plus insoupçonnés pour marquer la rupture avec le régime défunt et son ralliement à la cause de Patrice Talon, c’est bien lui. Qui a déjà oublié la tentative d’arrestation manquée qui va tourner à l’émeute généralisée à Cotonou et Abomey-Calavi le 4 mai 2015 ? Qui a oublié les invectives et les noms d’oiseau que le parlementaire qu’il était n’hésitait pas à échanger avec le Chef de l’Etat en exercice à cette époque rien que parce qu’il avait choisi Talon ? Lui aussi était omniprésent dans les moments les plus cruciaux et plus que jamais au cours de la campagne électorale 2016 dont il fut un des plus grands stratèges. Tout ministre délégué qu’il est devenu, le tout dernier dans la hiérarchie gouvernementale, il n’en est pas moins un des majeurs.
  3. Pascal Irénée Koupaki. Une vieille connaissance, un grand frère pour le nouveau Président. Un travailleur invétéré, organisé et scrupuleux. Il était déjà au gouvernement de Boni Yayi quand Patrice Talon en était encore l’éminence grise. Il s’en laissera débarquer un an après la fuite en exil de ce dernier sans jamais publiquement se prononcer sur l’affaire la plus emblématique de l’époque, les tentatives présumées de coup d’Etat et d’empoisonnement. C’est sa position dans le nouveau gouvernement qui est prépondérante. Ministre d’Etat, Secrétaire général de la Présidence de la République. Il récolte les mérites de son soutien au second tour et surtout de ses talents de technocrate. L’homme fort sur papier, c’est lui. L’étendue de ses pouvoirs, on en saura plus quand les attributions réelles de son poste seront rendues publiques. En attendant, c’est lui qui coordonne l’action gouvernementale. Et ce n’est pas rien.
  4. Abdoulaye Bio Tchané. L’autre technocrate patenté. Il présente l’avantage d’incarner au sein du gouvernement une région septentrionale qui aura presque tout raté en 2016. Il n’a certes sans pas d’atomes crochus avec Patrice Talon, mais c’est une personnalité de premier plan qu’il ne faudra pas décevoir au sein du gouvernement pour ne pas fâcher ceux que "l’autre" appelait « les siens ». Ce n’est pas par hasard s’il est fait Ministre d’Etat, en charge du développement et de la planification.

Au-delà de ces quatre ténors, il y a d’autres hommes forts au sein du gouvernement mais aussi en dehors. Le bras droit de toujours, Olivier Boco, les stratèges en communication, Edouard Loko et Charles Toko, l’argentier Romuald Wadagni, le diplomate Aurélien Agbénonci, l’ancien patron de la LEPI, Sacca Lafia… Ce sont ceux qui, sous le leadership que saura ou non imprimer Patrice Talon, feront le succès ou l’échec du quinquennat « unique ».

Il n’y a donc pas d’homme fort aux côtés du Président Talon, il y a des hommes forts.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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