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13 septembre 2016 2 13 /09 /septembre /2016 08:16
Crise à l’UAC : ce recours gracieux qui ne trouvera pas grâce

Trois mois de tergiversations pour un bien dérisoire recours. Dans la crise qui perturbe sévèrement le campus universitaire d’Abomey-Calavi et entrave plus particulièrement le déroulement des activités académiques à la Faculté des lettres, arts et sciences humaines (FLASH), les étudiants ont fini par choisir la voie du recours gracieux à l’endroit des autorités décanales, rectorales et sans doute gouvernementales. Les étudiants ? Non, certains étudiants. Parmi les trois mouvements estudiantins engagés dans le bras de fer au préalable, un seul, la Fédération nationale des Etudiants du Bénin (FNEB), a choisi de faire acte de contrition et de modifier sa stratégie. Un choix qui pourtant ne risque pas de changer grand-chose, car déjà porteur de gènes d’échec : trop tardif, trop insuffisant et trop peu consensuel.

Suspension de la motion de la grève illimitée, demande de pardon, condamnation des actes de vandalisme commis sur le campus universitaire d’Abomey-Calavi, notamment du barbouillis d’excréments humains et d’huile de vidange sensé empêcher il y a quelques semaines le déroulement des examens en Faculté des Sciences et Techniques (FAST), les responsables de la FNEB n’y sont pas allés du dos de la cuillère pour tourner casaque dans le bras de fer, même s’ils ne veulent plus l’appeler ainsi, qui les a jusque-là opposés à l’administration décanale de la FLASH et aux autorités rectorales. Ayant peut-être pris conscience de l’opiniâtreté de ces dernières par rapport aux points de discorde relatifs entre autres à l’organisation d’une seconde session de composition en FLASH, à l’invalidation de l’année académique 2015-2016 dans cette même entité et à la suspension provisoire de cinq ans des 21 étudiants accusés d’actes de vandalisme et d’indiscipline, la FNEB tente ainsi de désamorcer une crise avec des armes émoussées.

En premier lieu, le recours gracieux de la plus grande organisation estudiantine, vient tard, trop tard. Trop tard en tout cas pour permettre de "sauver" l’année académique en FLASH. Chaque jour, chaque heure, chaque seconde qu’ils ont laissé passer dans la situation de crise, n’a fait que conforter l’invalidation de l’année académique finissante pour laquelle ni les examens du premier semestre n’ont encore pu être organisés et corrigés, ni les cours du deuxième semestre et encore moins les examens de fin d’année. Remettre en selle un tel calendrier académique reviendrait à faire chevaucher une année académique (2015-2016) sur trois années civiles, puisque les enseignements et évaluations ne peuvent plus s’achever avant 2017, ce qui pénaliserait lourdement les nouveaux bacheliers dont l’inscription serait alors différée de plusieurs mois.

En deuxième lieu, le recours gracieux des étudiants ne dit pas s’ils renoncent à leur volonté de se voir organiser une deuxième session de composition à la FLASH. Cette deuxième session est en effet le socle des revendications ayant déclenché la crise en cours. Sans une renonciation claire et définitive à cette idée, il est peu probable que les enseignants acceptent de fumer le calumet de la paix avec leurs étudiants et de revenir sur les sanctions prises.

Enfin, et c’est ça le plus grave, la communauté étudiante sur le recours, est divisée. Le choix de la FNEB est très diversement perçu par les deux autres organisations étudiantes. L’Union nationale des Etudiants du Bénin (UNEB) se montre réservée et entend faire poursuivre le mouvement de grève illimitée sur le campus et dans toutes les entités de l’UAC, tandis que les responsables de l’Union nationale des Scolaires et Etudiants du Bénin (UNSEB) sont carrément hostiles à ce que certains qualifient de « trahison ». Or, on sait qu’il suffit d’une organisation syndicale, d’un mot d’ordre de débrayage, pour que les activités universitaires soient sérieusement bouleversées. Avec deux, dont l’UNSEB, connue pour sa détermination et sa ténacité, la sérénité est loin d’être de retour sur le campus d’Abomey Calavi.

Serait-ce alors un recours pour rien, mais vraiment rien ? Pas sûr. Le geste positif que constitue cette action de la FNEB peut être pris en compte pour une éventuelle nouvelle analyse des sanctions, notamment l’exclusion de certains responsables étudiants. Au-delà, les appels à l’intervention personnelle du Chef de l’Etat ne risquent quant à elles pas de prospérer. Le temps où le Président de la République se mêlait de tout et d’un peu plus que tout est bien révolu.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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10 septembre 2016 6 10 /09 /septembre /2016 18:22
Retrait ou retraite pour Lionel Zinsou ?

Retrait anticipé de la vie politique béninoise pour Lionel Alain Louis Zinsou Derlin. Le candidat malheureux au second tour de l’élection présidentielle de mars 2016 vient d’annoncer, en termes sibyllins sur une chaine de télévision internationale, son intention de consacrer son temps à autre chose qu’à la politique les années à venir avant peut-être de retourner à la compétition en 2021, date de la prochaine présidentielle au Bénin. Mais s’agit-il vraiment d’un retrait ou d’une retraite ? Cette sortie voulue provisoire de scène peut devenir très vite définitive. Si l’homme réévalue ses chances sans myopie.

Lionel Zinsou dit désormais ne pas penser que la politique soit un métier. Hum ! Curieux pour un homme qui a toujours roulé sa bosse dans un pays comme la France où l’engagement politique est un véritable sacerdoce, une passion qui exige de la préparation, accapare du temps, rapporte des dividendes ou inflige des déceptions presque exactement comme le métier de banquier d’affaires qu’il exerce. Mais son expérience singulière au Bénin est peut-être à la base de cette étrange réflexion. En effet, sorti du chapeau de Boni Yayi alors qu’on ne l’attendait pas, il est devenu sans crier gare le candidat unique des Forces Cauris pour un Bénin émergent (FCBE), mais aussi le porte-flambeau de deux des plus anciens et plus grands partis de l’échiquier politique national, le Parti du Renouveau démocratique (PRD) et la Renaissance du Bénin (RB). Porté par cette alliance et d’autres individualités politiques, il a obtenu environ 35% de suffrages au second tour de la présidentielle face à Patrice Guillaume Athanase Talon.

C’est vrai que quand on peut sortir presque de nulle part et atteindre de telles performances, on peut s’autoriser de penser qu’il ne faille pas faire de la politique un métier avant d’y engranger des succès. Mais je ne suis pour ma part pas convaincu que Lionel Zinsou se retire « provisoirement » de la vie politique en pensant venir récupérer à huit mois de la prochaine présidentielle un électorat resté intact et peut-être même grossi par les déçus éventuels du Nouveau départ. Il ne nous ferait pas l’affront d’une telle myopie, car la vérité est probablement ailleurs.

L’ex-dauphin de Thomas Boni Yayi a sans doute, après s’être laissé légèrement griser par son enthousiasme post-électoral de mars 2016, fini par se rendre à l’évidence que les 35% de suffrages exprimés en sa faveur ne lui appartiennent en réalité pas. Addition des irréductibles partisans de Boni Yayi, Adrien Houngbédji, Léhady Soglo, Eric Houndété et autres Edmond Agoua et Octave Houdégbé, ce bloc est désormais déjà en déshérence avec le ralliement du PRD à Patrice Talon, le silence mitigé de la RB et la dislocation continue des FCBE sur lesquelles Boni Yayi veut garder la haute main.

Lionel Zinsou doit donc avoir compris que 2021 ne sera pas comme 2016 et qu’il n’y aura personne pour l’imposer comme candidat unique d’un bloc politique d’envergure comme l’a fait l’ancien Président de la République en son temps. Par ailleurs, il a subi bien trop d’attaques personnelles, racistes voire même xénophobes pour vouloir s’y réessayer. C’est en cela que la fameuse retraite provisoire annoncée m’apparait comme devant être définitive, perpétuelle, si le dernier Premier Ministre de l’ère de la Refondation yayiste ne tient pas à venir mordre lamentablement la poussière face à des électeurs finalement émancipés. La politique au Bénin est un métier, et si Lionel Zinsou veut s’y retrouver, il doit la pratiquer mieux et plus assidument. Certes les Béninois ont déjà démontré par le passé, surtout à l’occasion des élections présidentielles, leur appétence pour les hommes dits « neufs ». Mais là aussi, notre homme a déjà brûlé son joker. L’avenir politique du Bénin se passera irrémédiablement de lui.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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8 septembre 2016 4 08 /09 /septembre /2016 11:41
Un parti pour Patrice ?

Cela n’est encore qu’au stade de rumeur et je pense bien que ça le restera. Mais l’idée de la création d’un parti politique ou d’une grande alliance politique qui fédère les forces politiques acquises à la politique générale du Président béninois Patrice Guillaume Athanase Talon n’a pas dû naitre que seulement de l’imagination de plus en plus fertile de mes confrères journalistes, en mal de sensations et de scoops, depuis que Boni Yayi viré, vilipendé et menacé, se tient (provisoirement) à carreau. Des acteurs politiques sont derrière qui auraient bien voulu que le nouveau Chef de l’Etat formalise, organise et fidélise ses partisans, et cela ne serait pas sans vertu. Mais quand on a vu ce dont ont été capables la Renaissance du Bénin (RB) de Nicéphore Soglo, l’Union pour le Bénin du Futur (UBF) sous Mathieu Kérékou ou encore les Forces Cauris pour un Bénin émergent (FCBE) de Thomas Boni Yayi, on a le droit et même le devoir d’émettre quelques réserves.

Que pourrait gagner Patrice Guillaume Athanase Talon à créer un parti ou une alliance de partis politiques à l’heure actuelle ? Sans doute beaucoup. Un parti politique est un groupe d'action politique qui se caractérise par deux éléments: la discipline de groupe et la cohésion. Depuis le 6 avril 2016, date de l’accession officielle au pouvoir du nouveau Président de la République et même avant, les partisans de la Rupture et du Nouveau départ sont en mal de cohésion et d’organisation. Disséminés sur toute l’étendue du territoire national, ils sont certes tous favorables à un régime, mais ignorent totalement comment se conduire de concert pour contribuer à son succès. Impossible d’évaluer au-delà des deux tours de la présidentielle, leur importance numérique, leur degré d’engagement, leurs besoins… C'est sans doute de ce sentiment qu'est née l'idée de création du parti Nouveau Départ pour la Démocratie et le Progrès (NDP) qui agite l'opinion publique et fait couler salive et encre.

Par ailleurs, il y a bien d’acteurs politiques qui n’ont pas ouvertement soutenu le régime au pouvoir et qui voudraient sans doute témoigner aujourd’hui leur allégeance. Non pas seulement du fait des actions jugées positives du gouvernement Talon, mais également pour rester dans les azimuts de la "marmite" présidentielle ou pour s’en rapprocher. La création d’un parti ou d’une alliance politique donnerait à ceux-là l’occasion de clarifier leurs positions sur l’échiquier politique, quitte à tourner prestement leur veste. Pour beaucoup, ce ne serait pas une première. Enfin, la création d’un grand regroupement politique serait peut-être le premier pas de la réforme du système partisan que prône le Président de la République et qui fait partie des objectifs majeurs de sa gouvernance.

Sauf que ceux qui, avant Patrice Talon, ont ici au Bénin tenté de créer ou de cautionner des partis ou des regroupements politiques en étant au pouvoir, en ont fait un usage bien moins vertueux que ce qui était annoncé et n’ont pratiquement jamais atteint les objectifs attendus. L’alliance politique la plus solide, la plus unie, fut durant près d’une dizaine d’années les FCBE réunies autour de Boni Yayi, mais à quel prix ! Un leader omniscient et omnipotent, qui se mêlait de tout et un peu plus que tout, qui devait tout contrôler, tout savoir… c’était aussi le creuset auquel il fallait appartenir ou se montrer pour bénéficier de passe-droits, de responsabilités politiques… La RB et l’UBF à quelques différences près, étaient semblables.

La création d’un parti politique par Patrice Talon ferait donc poindre le risque d’un retour du népotisme, du régionalisme et du sectarisme dans le pays. Ce parti susciterait forcément de la méfiance de la part d’une population échaudée par dix années de partisanisme forcené qui, en arrachant le pouvoir aux FCBE pour le confier à un homme sans parti, a opéré un choix clair. Il faudrait compter aussi avec les inévitables rivalités internes dont il serait la cause, de même que l’animosité de plusieurs anciens grands partis politiques, grands ou petits, qui ne voudront pas s’y fondre ou s’y associer.

Alors, à la question « un parti pour Patrice ? », je réponds « peu probable ». Le NDP, c'est clair, n'est pas son oeuvre. Patrice, Patrice Talon, j’entends, ne peut pas ne pas être au fait des risques. Mais qui sait, parait que tout ce qu’il entreprend, il le réussit bien. Attendons de voir. S’il a réellement l’intention de fonder un parti politique, il ne nous faudra pas attendre Mathusalem pour le savoir.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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5 septembre 2016 1 05 /09 /septembre /2016 09:36
Guéguerre Tchané-Koupaki ou guerre contre la vérité ?

Viré en même temps que deux vulgaires voleurs tapis dans les rangs de l’armée ! La première chose qui a retenu mon attention à l’occasion de l’annonce du récent limogeage de Nourou-Dine Saka Saley, c’est cela. Dégradation volontaire de l’image de ce jeune cadre "rupturien" ou sort de Jésus-Christ crucifié au milieu de deux voleurs ? Je laisse cette question-là ouverte, elle est trop subjective et trop métaphysique. Mais deux autres inquiétudes mériteraient analyse au regard de ce qui s’en dit depuis. D’une part, le jeune conseiller technique du Ministre d’Etat en charge du développement Abdoulaye Bio Tchané -ABT- aurait été une victime collatérale, la première, de la rivalité (supposée ou réelle) entre ce dernier et l’autre Ministre d’Etat, Secrétaire général de la Présidence de la République, Pascal Irénée Koupaki -PIK-. D’autre part, le franc-parler de Nourou-Dine Saka Saley serait incompatible avec le mode de gouvernance que nous applique le Nouveau départ. Et si tout ceci était vrai ?

On dirait donc que la rivalité ABT-PIK ne serait pas qu’une vue de l’esprit de la part de journalistes en manque de scoops depuis que Thomas Boni Yayi n’est plus assez présent pour administrer quelques bourdes ou quelques décisions à polémique dans l’actualité nationale. Les deux principaux collaborateurs du Président Talon, dont celui-ci a pourtant clairement établi la hiérarchie, ABT en première position et PIK en N°2, rêvent sans doute de plus en plus ouvertement de devenir l’un et l’autre « calife à la place du calife ». En 2021 en effet, en raison de leur âge, chacun d’eux participera pour la dernière fois à une élection présidentielle au Bénin. Patrice Talon ayant annoncé son intention de ne pas se représenter, ces deux hauts cadres du gouvernement souhaitent très certainement devenir dauphin puis Président de la République à sa succession. En conséquence, il parait qu’ils ne s’épargnent mutuellement aucun coup de coude susceptible de fragiliser l’adversaire, tant que cela n’a pas d’impact tumultueux sur la cohésion gouvernementale. C’est donc ainsi, parait-il, que le Conseiller technique de l’un, ABT, qu’est Nourou-Dine Saka Saley, vient de faire les frais de la guéguerre. Il est vrai qu’en choisissant de critiquer publiquement une décision du Conseil des Ministres, le brillant jeune homme, qui a toujours fait un usage complet de sa liberté de penser et de dire, n’a sans doute pas assez mesuré les obligations, notamment de réserve, liées aux fonctions qu’il exerçait auprès du Ministre d’Etat depuis quelques mois. C’est ce qu’il a lui-même a posteriori reconnu comme constitutif de « naïveté politique ». Mais la première faute de cette nature méritait-elle tout de go un limogeage manu-ministeri (en Conseil des Ministres) ? Même pas l’ombre d’un avertissement ! Hum, ceux qui voient dans la brutale sanction une preuve de la rivalité intra gouvernementale n’ont peut-être pas tort.

Mais le plus grave serait que Nourou-Dine Saka Saley ait été viré pour ses opinions. Son limogeage fait en effet suite aux critiques qu’il a, comme beaucoup d’autres, formulées contre la nouvelle Cellule d’analyse et d’enregistrement des projets d’arrêtés ministériels et préfectoraux, jugée globalement inopportune. Ce que j’avais perçu pour ma part dans une publication, comme une marche Vers l’hypercentralisation de la gouvernance Talon (http://jameswillys.over-blog.com/2016/08/vers-l-hypercentralisation-de-la-gouvernance-talon.html). Mais alors, n’aurait-on plus le droit de critiquer l’action gouvernementale, de relever les incongruités contenues dans les décisions de Patrice Guillaume Athanase Talon et de ses collaborateurs ? Simplement, de dire la vérité ? En tout cas, le journaliste que je suis n’a reçu aucune admonestation, ni menace, mais l’exemple Saka Saley est peut-être un avertissement de choix adressé aux acteurs politiques, aux analystes et aux éditorialistes. Certains d’ailleurs ont sans doute dû le percevoir ainsi, rangeant de fait les observations et autres critiques qu’ils auraient bien voulu adresser au régime de la Rupture tel qu'il est conduit aujourd'hui.

De toute évidence, que cela ait été fait à dessein ou non, la sanction contre Nourou Dine Saka Saley, en même temps qu’elle a offert à ce jeune homme une publicité dont il ne rêvait même pas, a donné une nouvelle image, bien moins policée, du Nouveau départ. De quoi alimenter les appréhensions même des moins pessimistes.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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1 septembre 2016 4 01 /09 /septembre /2016 18:55
Bongo fils, dans la droite ligne des dictateurs d’Afrique centrale

Ce qui était redouté est en train d’arriver. L’annonce de la victoire du président gabonais sortant à l’issue du scrutin du 28 août 2016 ne pouvait qu’enflammer les foules, déclencher des émeutes et provoquer des casses. Ceux qui, aussi naïvement que moi, avaient envisagé l’ombre d’une possibilité qu’Ali Bongo Ondimba reconnaisse élégamment une éventuelle défaite et quitte le pouvoir, se sont totalement gourés. Les vieilles recettes de la victoire à l’arraché, que dis-je, de la victoire arrachée sont de sortie. Police anti-émeute, grenades lacrymogènes et quand cela ne suffit pas, balles réelles et hélicoptères de combat. Ce n’est sans doute pas demain la veille d’une révolution burkinabé au pays des Bongo.

Passé l’effet de surprise consécutif à l’annonce des résultats, la question qui m’est passée par l’esprit est aussi celle que se sont certainement posée beaucoup de Gabonais : comment est-ce possible ? Cette interrogation concerne les chiffres de na province natale du Chef de l’Etat, le Haut-Ogooué : 99,93% de participation, 40 points au-dessus de la moyenne nationale qui est de 56% environ ; et plus de 95% des suffrages exprimés en faveur du fils du terroir ! Des résultats transmis en grand retard à la Commission électorale et qui ont inversé la tendance générale du scrutin, donnant une victoire étriquée à Ali. La falsification parait grossière à l’extrême.

En fallait-il plus pour que ce peuple, celui qui a pris d’assaut la rue, crie à la mascarade ? Certainement pas. Déjà que certains observateurs avaient relevé et révélé des irrégularités dans le scrutin. Exaspérés des cinquante années de gestion continue de l’Etat par la même famille, fatigués des promesses non tenues, indignés de la dilapidation des ressources de leur pays, ils étaient des Milliers de Gabonais persuadés de savourer enfin la première alternance depuis les indépendances. Illusion. Ali Bongo Ondimba ne sera pas le premier des satrapes d’Afrique centrale à céder le pouvoir tant qu’il n’en aura pas décidé ainsi. Et ce ne sont pas les exemples dans les azimuts qui manquent pour l’inspirer.

Du Cameroun au Tchad, de la Guinée équatoriale au Congo, rarement on a vu depuis 1960 dans cette sous-région africaine, un chef d’Etat se faire battre dans les urnes, reconnaitre sa défaite et quitter le pouvoir. Denis Sassou Nguesso en 1992, dans la bourrasque de la démocratie triomphante de l’époque. Depuis, on le sait de retour et mieux accroché qu’une chauve-souris à sa branche. Récemment, chacun de ses pairs a rempilé, dans des conditions scabreuses, et il n’y a guère eu que leurs opposants politiques pour s’en offusquer. Pourquoi donc penser que le fils à Bongo, aurait une autre fortune ?

La démocratie, les élections transparentes, les alternances politiques, ce n’est pas encore au programme au Gabon. Pas pour Ali Bongo. Si le peuple gabonais tient à lui forcer la main, Reste à savoir jusqu’où est prêt à aller le peuple pour faire respecter sa volonté. Il n’y a pas de révolution sans martyr. Mais il y a des martyrs sans révolution.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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31 août 2016 3 31 /08 /août /2016 08:27
Suppression des visas d’entrée au Bénin : avantages et contraintes du panafricanisme mode Talon

Plus besoin de visa pour le moindre ressortissant africain pour se rendre au Bénin. Paraît que le premier à en avoir décidé ainsi, c’est Paul Kagamé, le Président du Rwanda. C’est d’ailleurs à l’occasion de sa visite dans ce pays martyr que Patrice Guillaume Athanase Talon, inspiré par l’exemple, a annoncé la mesure. Destinée entre autres à favoriser l’intégration panafricaine, la décision un tantinet précipitée du Président de la République, comporte des forces indéniables, mais aussi des risques à ne pas négliger.

Le Bénin part pour devenir un des pays les plus attractifs d’Afrique, notamment vis-à-vis des peuples d’Afrique centrale, en majorité francophones et traditionnellement attirés par le commerce et les études en Afrique de l’Ouest. La suppression des visas, avec la disparition des tracasseries administratives qu’elle induit, va en effet donner l’opportunité à des milliers d’étudiants candidats à des études ouest-africaines, de faire le choix du Bénin déjà réputé pour la qualité de ses diplômes. A quelques semaines de la rentrée académique 2016-2017, voilà donc une excellente nouvelle pour les universités privées, notamment à Cotonou.

Autres secteurs qui devraient tirer avantage de la décision du Chef de l’Etat de supprimer le visa pour tout Africain cherchant à se rendre au Bénin, le commerce et le tourisme. Le commerce d’abord parce qu’ils sont des milliers chaque année, peut-être même des centaines de milliers, provenant d’Afrique centrale, de la Corne et même d’Afrique australe, à venir s’approvisionner entre autres dans les grands marchés de Cotonou, Lomé, Abidjan, Dakar ou Accra en produits divers avant d’aller les revendre dans leurs pays respectifs avec des marges imbattables. Sans nécessité de visa, le Bénin deviendrait une destination privilégiée. Quant au tourisme, il devrait également tirer ses marrons du feu, avec une meilleure fréquentation des hôtels, des dépenses plus nombreuses, des visites de sites en augmentation. Et un coup de pouce publicitaire pour la destination Bénin de la part des Ministères du Tourisme et des Affaires étrangères, devrait arranger les choses.

Suppression de visas pour tous les ressortissants africains, voilà donc une bonne chose de faite, serait-on tenté de dire. Mais tout de même, la médaille possède son revers. Et ce n’est pas le moindre, il est sécuritaire. Il me semble en effet qu’une décision de cette importance se devait d’être un peu mieux préparée. Elle n’ouvre en effet pas les portes du Bénin aux seuls commerçants, touristes ou autres étudiants, mais aussi à des individus de moins bon aloi qui cherchaient peut-être où se réfugier, le temps de se faire oublier. Elle devrait mettre à plus rude épreuve les services d’immigration, notamment la police des frontières et les autres agents de l’Etat préposés à ces types de fonction, sans oublier les Renseignements généraux.

Tout de même, pas besoin de s’alarmer outre mesure. Le Bénin était déjà ouvert à des millions de ressortissants de plus d’une trentaine de pays dans le monde, et cela n’a pas pour autant engendré de problèmes majeurs jusque-là. En doublant désormais ce chiffre, il y a juste nécessité d’ajuster les moyens des services de renseignements, des forces de défense et de sécurité, des services hôteliers à la nouvelle donne. Ce n’est pas banal, mais ce n’est pas de l’ordre de l’impossible.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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30 août 2016 2 30 /08 /août /2016 08:23
Nouvelle ère ou guerre en perspective au Gabon ?

C’est le candidat Jean Ping qui promettait à ses compatriotes une nouvelle ère au Gabon, si on n’y prend garde, c’est de la première guerre de l’histoire du pays qu’il va les gratifier. Jamais de mémoire d’homme, une alternance au sommet de l’Etat n’a paru aussi plausible au pays des Bongo Ondimba. A l’issue du scrutin de ce 28 aout 2016, l’insolente assurance qui caractérise généralement les déclarations des partisans du pouvoir, des caciques du Parti démocratique gabonais (PDG) semble avoir disparu. La faute à une gouvernance sclérosée d’une cinquantaine d’années, à une communauté internationale moins encline à cautionner une victoire du parti, mais aussi à ce teigneux Jean Ping, adversaire du Président sortant Ali Bongo, qui a troqué les déclarations pacifistes de l’époque où il était Président de la Commission de l’Union africaine contre un discours musclé et une campagne hargneuse qui lui ont valu le ralliement de l’essentiel des opposants politiques au régime. A un tel point qu’il est à craindre des troubles à l’issue de l’imminente proclamation des résultats.

Le Gabon est un des rares pays d’Afrique centrale n’ayant jamais connu de crises politico-militaires depuis son accession à l’indépendance en 1960. Seul le coup d’Etat avorté de 1964 contre le premier Président Léon M’ba donnera l’occasion aux militaires de se mêler de façon très éphémère de politique. C’est d’ailleurs de leur initiative malheureuse que naitra en France, l’idée de mettre en orbite le jeune Directeur de cabinet du Chef de l’Etat qu’était alors Albert Bernard Bongo, qui succèdera avec la fortune qu’on sait au vieux et fragile Président que les barbouzes français avaient remis en selle sans hésiter. Cinquante ans plus tard, la dynastie Bongo règne toujours au Palais du Bord de Mer, mais pour combien de temps encore ?!

A en juger par les déclarations et revendications tonitruantes depuis le scrutin de dimanche, aucune des deux parties n’a l’air de vouloir reconnaitre la victoire de l’autre. A entendre Jean Ping et ses partisans qui se proclament vainqueurs, tout serait prêt pour célébrer la victoire si elle venait à être proclamée en leur faveur. Mais dans le cas contraire, l’appel au soulèvement populaire est déjà lancé. En face, la sérénité que professe Ali Bongo Ondimba dans ses déclarations post-électorales n’est pas celle qui se ressent sur le terrain. Certes les chars ne sont pas encore de sortie, mais certains estiment qu’ils sont la meilleure garantie pour le président sortant de se maintenir au pouvoir. Et pour ne rien arranger, les observateurs de l’Union européenne, jugés plus crédibles que d’autres, je me demande pourquoi d’ailleurs, ont déjà jeté leur part de pavé dans la mare en déclarant que le scrutin « manquait de transparence ». Occasion rêvée pour les deux camps les plus en vue de s’accuser mutuellement d’être les organisateurs, les instigateurs et les bénéficiaires de ces manipulations de vote.

Si dans ces circonstances, les résultats ne donnent pas lieu à des troubles tout au moins sommaires dans certaines villes comme Libreville et surtout la frondeuse Port-Gentil, ce serait bien un miracle. Chacun des acteurs semble plus que jamais prêt à en découdre et rien ni personne ne parait pour l’instant être capable de les amener à admettre la possibilité d’une défaite.

Dans la crise post-électorale qui se profile à l’horizon, une donne fondamentale et inconnue reste la position de la « Communauté internationale ». La France, gardienne du temple, me semble en tout cas avoir déjà fait son choix : lâcher Ali, si vraiment il perd. Trop iconoclaste, peu policé, trop controversé, il ne peut plus espérer pouvoir compter sur les réseaux français pour influencer les résultats en sa faveur. D’autant plus que son principal adversaire, ancien homme du sérail, a parfaitement le profil que les Occidentaux jugent adéquat pour l’exercice de la fonction présidentielle en Afrique. Cela risque de compter, et pas qu’un peu. En attendant, il faudrait commencer à rechercher les solutions de sortie de la crise qui s’en vient.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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29 août 2016 1 29 /08 /août /2016 13:45
Vers l’hypercentralisation de la gouvernance Talon ?

Voici le plus monumental coup foireux de Patrice Guillaume Athanase Talon depuis son accession au pouvoir ; un coup foireux qui aura échappé à l’attention de bien de monde. Près de cinq mois après l’alternance au sommet de l’Etat, le nouveau régime donne une des indications les plus inquiétantes d’une certaine similitude avec celui du Dr Thomas Boni Yayi : la centralisation de la gouvernance. Cela se joue à la Présidence de la République. Avec notamment la création de la fameuse cellule d’analyse et d’enregistrement des projets d’arrêtés ministériels et préfectoraux. Sans que l’on ne puisse affirmer s’il s’agit un choix assumé ou du résultat malheureux d’un montage destiné à d’autres fins.

« Carton jaune de Patrice Talon à Modeste Toboula ». C’est ainsi que j’ai perçu à l’instar de nombreux observateurs de la scène politique béninoise, l’annonce à l’issue du Conseil des Ministres du 24 aout dernier, de la prochaine mise en place de cette fameuse cellule d’analyse et d’enregistrement. Il est vrai que l’une de ses fonctions principales sera de limiter le volontarisme hyperactif de certains serviteurs du Nouveau départ comme le Préfet du Littoral qui nous a déjà gratifiés de quelques actions d’éclat diversement vécues et interprétées. Mais au-delà de cet objectif inavoué, la naissance de la Cellule est porteuse de certains risques qu’il ne faut pas négliger.

Je rappelle à toutes fins utiles que la nouvelle structure s’appelle cellule d’analyse et d’enregistrement des projets d’arrêtés ministériels et préfectoraux. Si l’analyse des projets d’arrêtés préfectoraux apparait, par le fait de certaines décisions à polémique récentes et anciennes, tout-à-fait justifiée, il n’en est pas de même dans le cas des projets d’arrêtés ministériels. Au contraire du Préfet, le Ministre dispose d’un vaste cabinet composé d’experts dont l’un au moins, le Conseiller technique juridique, est préposé à la tâche d’analyse des projets d’arrêtés. La création de la fameuse cellule présidentielle viderait donc de son contenu le rôle du CTJ, désormais supplanté. Mais là n’est pas le plus grave.

Désormais, avant de prendre le moindre arrêté, il faudra aux Ministres qui sont 21 et aux préfets qui sont 12, consulter une superstructure de je ne sais combien de membres, logée à la Présidence de la République, dont l’avis deviendrait obligatoire. Si cela n’est pas une résurgence de la gouvernance centralisée de Thomas Boni Yayi, je suis bien curieux de savoir ce que c’est. Le Docteur-Président voulait et devait tout savoir de tout ce qui se tramait dans la moindre institution étatique. Il avait parait-il, des hommes préposés à la fonction d’information, mais il n’était pas allé jusqu’à créer une structure pour cela. La Cellule présidentielle d’analyse et d’enregistrement des projets d’arrêtés ministériels et préfectoraux ne risque quant à elle en plus de la centralisation à outrance dont elle est porteuse, que de rajouter de la lourdeur administrative à l’inefficacité qui existe déjà dans le domaine. Sans oublier des rapports forcément conflictuels qui pourraient s’établir entre les membres de la structure (dont on ignore encore qui ce sera) et les Ministres qui se retrouveraient en position d’obligés vis-à-vis de ceux-ci.

Alors, questions : comment Patrice Guillaume Athanase Talon qui lui-même n’a cessé de dénoncer cette lourdeur administrative préjudiciable au développement peut-il instruire le gouvernement à mettre en place une telle institution (forcément budgétivore) et surtout à lui attribuer de telles fonctions pour lesquelles d’autres fonctionnaires de l’Etat sont déjà payés ?!? Et d’ailleurs, les Ministres ayant participé au Conseil du 24 aout n’ont-ils pas perçu le risque de rétrécissement de leurs prérogatives ou le Chef de l’Etat se serait-il montré inflexible comme l’autre ? Ou alors, l’idée viendrait-elle de Pascal Irenée Koupaki, le Ministre d’Etat, Secrétaire Général de la Présidence de la République, qui il faut le rappeler est le super-patron de l’administration présidentielle et donc de toutes ces structures qui prennent corps au palais de la Marina ?

Des motifs d’inquiétude et d’interrogation s’accumulent donc, mais une chose est sure : au contraire de son prédécesseur, Patrice Talon s’il maintient l’idée de création de sa fameuse structure, n’osera pas demain venir nous servir le « je n’étais pas au courant », habituel moyen de se défausser de Thomas Boni Yayi, champion de la dérobade.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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26 août 2016 5 26 /08 /août /2016 10:31
Le subtil carton jaune de Patrice Talon à Modeste Toboula

Il compte parmi ceux qu’une partie de la presse béninoise appelle déjà « les pyromanes du Nouveau départ ». L’hyper activisme assumé et le zèle que met le Préfet du Littoral, Modeste Toboula, à exercer ses fonctions n’ont en tout cas laissé personne indifférent ces derniers mois ; et surtout pas Léhady Vinagnon Soglo, le maire de la ville de Cotonou à laquelle se confond ce que le Préfet appelle pompeusement « son territoire ». Mais les décisions et agissements de l’homme n’ont pas dû échapper non plus au Chef de l’Etat Patrice Guillaume Athanase Talon qui, à en juger par un sibyllin passage du communiqué issu du Conseil des Ministres du mercredi 24 août dernier, a décidé de serrer un peu la vis à son truculent préfet, et à quelques autres serviteurs trop enthousiastes de son Nouveau départ.

Une très inamicale demande d’explication au Maire de Cotonou pour fait d’absence à la cérémonie de son entrée en fonction en qualité de Préfet, c’est ainsi que s’est signalé Modeste Toboula dès le lendemain de son installation à la Préfecture du Littoral. Depuis, et en moins de temps qu’il ne faut pour s’en rendre compte, le nouveau responsable administratif s’est distingué par plusieurs autres actions d’éclat, des plus salutaires aux plus impopulaires, dans un élan opiniâtre. Définition de « lignes rouges » à ne pas tenter de franchir en cas de manifestation dans l’espace public sur « son territoire », interdiction de circulation des engins à deux roues dans et autour des marchés Dantokpa et Missèbo, instauration d’une matinée de salubrité chaque premier samedi du mois avec interdiction de circuler sur les axes routiers pour toute autre véhicule que ceux de l’administration ou disposant d’un statut particulier, réaménagement des horaires de circulation des camions dans le département du Littoral, menace de déguerpissement des occupants illégaux des trottoirs et des abords immédiats des établissements d’enseignement public, etc. En quelques semaines, Modeste Toboula aura dépoussiéré et pris des arrêtés préfectoraux divers et variés, tout en veillant à leur stricte application. Ceux qui comme les étudiants le 16 juillet dernier, ont essayé d’outrepasser ses lignes rouges, en ont gardé de douloureux souvenirs.

Mais la conduite du nouveau Préfet, fougueuse et musclée, parfaitement légitime à certains égards, porte en elle les germes d’un risque d’impopularité pour le régime Talon. En justifiant malgré ses excuses, la répression de la manifestation étudiante lors de son entretien avec les journalistes le 1er aout dernier, le Président Patrice Talon a semblé donner un blanc-seing à son obligé pour poursuivre ses actions d’éclat. Ce dont ce dernier ne s’est pas privé. Mais désormais, les choses vont changer et le texte du Communiqué du dernier Conseil des Ministres le précise en son 6ème point intitulé « Renforcement de la gouvernance des actions ministérielles » est clair à ce sujet : « Le Conseil a relevé que les actes règlementaires pris dans les ministères et les préfectures devront être en harmonie avec la politique de la nation dans tous les secteurs pour lesquels ces actes sont pris.[…] Pour renforcer cette cohésion et assurer le suivi des actes administratifs, un mécanisme est mis en place à la présidence de la République à travers la création d’une cellule d’analyse et d’enregistrement des projets d’arrêté ministériels et préfectoraux. »

S’il ne s’agit pas là d’un coup d’arrêt aux agissements de Modeste Toboula et d’autres serviteurs zélés du régime de la rupture, que l’on veuille bien me dire ce que c’est. Le Préfet du Littoral n’est pas directement ou personnellement indexé certes, mais il faut beaucoup de myopie pour ne voir en cette décision gouvernementale qu'un pur hasard. Carton jaune donc ! Au préfet. Et aux ministres trop hardis ; on se souvient de l’arrêté pris dès sa nomination par Lazare Sèhouéto qui a déclenché la première polémique de l’ère du Nouveau départ autour de la suspension de ceux qui étaient alors de hauts cadres du ministère, héritiers de l’ancien régime.

Tout de même, il n’est pas dit que le Préfet du Littoral et les autres sont interdits d’action dans le cadre de l’exercice de leurs fonctions. Mais désormais, il sera clair que chacun de leurs agissements aura obtenu l’assentiment du Chef de l’Etat en personne. Le holà au préfet n’est pas encore le coup d’arrêt à l’impopularité qui s’en vient.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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25 août 2016 4 25 /08 /août /2016 09:45
Nouveau COS/LEPI : encore un serment qui ment

Le nouveau Conseil d’Orientation et de Supervision de la Liste électorale permanente informatisée (COS/LEPI) est là. Les membres de l’institution ayant à charge la fiabilité à tous égards du fichier électoral béninois ont été réunis il y a quelques jours par la Cour constitutionnelle afin de leur faire prêter serment, celui de se consacrer à leur nouvelle tâche en toute indépendance et en toute responsabilité. Mais au regard des habitudes antérieures, au regard du profil des nouveaux membres et aussi au regard des dissensions qui se font déjà jour autour de la constitution du Bureau du Conseil, la question est de savoir si ce serment ne constitue pas simplement un marché de dupe entre institutions budgétivores.

On les a vus faire du temps de l’Honorable Epiphane Quenum. A cette époque-là, l’institution ne s’appelait encore que CPS-LEPI. Commission Politique de Supervision. Mais si vous pensez que la différence de dénomination lui a fait connaitre un meilleur sort, vous vous trompez. On a vu le pauvre Epiphane Quenum qui la présidait, se faire éconduire sans ménagement après avoir été malmené et tiraillé durant plusieurs mois par ses comparses de l’intérieur, mais aussi par de nombreux autres députés. Sans doute son attitude n’était-elle pas non plus totalement en conformité avec le serment prêté avant son entrée en fonction. Avec ses successeurs Arifari Bako, Hélène Aholou-Kèkè, Sacca Lafia et Augustin Ahouanvoébla, et malgré le changement de dénomination intervenu entre-temps, pas grand-chose n’a changé. Le premier nous a conduits à des élections présidentielle et législatives sinistres avec une liste « fantôme », et pour conséquence le retentissant K.O. de 2011. Un autre nous a offert un processus de révision de la liste semée de contestations intérieures et extérieures, et sanctionné par la distribution des cartes d’électeurs éventails. Mais celui qui aura le plus insolemment violé son serment, c’est celui qui a eu l’outrecuidance d’annoncer au peuple béninois, en dépit des hautes fonctions auxquelles il était appelé, que le candidat qui remportera la présidentielle de 2016, c’était celui soutenu par son parti.

A quoi sert donc le serment que ces messieurs et dames, la bouche en fleur, la mine sereine, l’air sincère, se réunissent face aux Sages de la Cour constitutionnelle, pour prêter en levant la main au ciel et en criant en chœur « je le jure » ? Finalement, à rien. La preuve, les tout nouveaux membres du COS sont déjà en pleine démonstration de leurs capacités de mésentente, moins de trois jours après leur installation officielle. Cette fois, c’est la désignation des membres du bureau de l’institution qui les divise. Quatre candidats sur onze membres au poste de Président, la sérénité attendra.

A l’origine de ce que l’on aurait pu considérer comme parjures à tous crins de la part des membres successifs du COS-LEPI, la politisation bien sûr, mais aussi la poursuite d’intérêts partisans et égoïstes dues à la présence massive au sein de l’institution des députés, qui sont par définition des hommes politiques. De même l’impunité la plus totale pour les contrevenants à leur serment n’est pas de nature à inciter les nouveaux membres à se conformer à leurs devoirs. La Cour constitutionnelle aurait pris des sanctions contre certains membres des précédents COS que le président Ahouanvoébla ne se serait peut-être pas laissé aller aux dérives langagières que l’on retiendra de son passage à la tête de l’institution.

A l’heure des réformes politiques et institutionnelles prônées par le Nouveau Départ, le COS-LEPI doit, lui aussi, être repensé pour être débarrassé le mieux possible des pesanteurs politiciennes qui ont jusque-là fait son inefficacité. De même, la valeur des serments que prêtent les hommes politiques au moment d’entrer dans leurs fonctions quelles qu’elles soient, doit être renforcée. Que l’on soit membre du COS, de la CENA, d’une institution républicaine comme la Cour constitutionnelle, la Cour suprême, le Conseil économique et social ou même Chef de l’Etat, tout parjure, tout manquement à sa parole doit pouvoir donner lieu à des sanctions exemplaires. C’est seulement ainsi que nous commencerons à édifier la république modèle qui inspirera les plus jeunes comme cette partie de la jeunesse estudiantine actuellement en perte de repères.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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