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26 septembre 2016 1 26 /09 /septembre /2016 21:36
Où sont passés les week-ends politiques béninois ?

Encore un week-end sans le moindre soupçon d’activité politique, cela commence à bien faire ! Où sont-ils passés, depuis l’avènement de la rupture, ces hommes et femmes, ces personnalités de rangs divers qui, il y a quelques mois encore, inondaient de meetings et de déclarations tonitruantes les populations des 12 départements du Bénin presque chaque samedi et dimanche ? Que deviennent par conséquent les militants professionnels toujours prompts, partout où de besoin, à venir applaudir les personnalités, pour peu que cela puisse leur rapporter quelques subsides ? Il n’y a pas de doute, la disparition des activités politiques de fin de semaine si synchronique avec l’avènement du régime de Patrice Talon, a bien de choses à voir avec ce dernier. Mais encore…

La morosité économique qui sévit au Bénin et s’est accentuée depuis quelques mois maintenant est facteur entre autres du tarissement des sources de distribution d’argent qu’étaient naguère encore les activités politiques de week-end. Réunis par centaines, parfois même par milliers en divers endroits un peu partout à travers le pays, les populations étaient alors attirées beaucoup plus par les « frais de déplacement » qui leur étaient distribués en fin de partie que par la pertinence des messages dont étaient venus les abreuver les beaux parleurs. Autrement, le candidat de Boni Yayi n’aurait jamais pu perdre la dernière présidentielle, ses partisans ayant pendant dix ans été les plus présents, les plus actifs et les plus généreux sur tous les terrains. On pouvait voir les directeurs de sociétés d’Etat, les responsables administratifs à divers niveaux, les Ministres, se répandre en messes de remerciements par ici, déclarations de soutiens par là pour la gloire d’un Chef de l’Etat qui se mettait lui-même souvent en pointe, toujours volubile, jamais parcimonieux quoique le discours manquait de temps à autre d’harmonie et de cohérence.

On pourrait dire que l’accalmie politique observée désormais dans le pays est due au « repos » bien mérité que s’octroient les hommes politiques et leurs finances après avoir mené ces dernières années le combat des législatives, des communales et enfin de la présidentielle. Le Bénin devrait en effet connaitre une accalmie politique entre 2016 et 2019, année de la prochaine élection d’envergure dans le pays, les législatives. Avant, est certes attendu un scrutin référendaire sur la modification de la constitution, mais qui tant que le contenu n’en est pas clairement décliné, n’éveille pas de grandes passions.

La réalité est en grande partie ailleurs. Thomas Boni Yayi et avant lui, Mathieu Kérékou dans une moindre mesure, avaient pour habitude de choisir leurs partisans parmi les plus actifs des hommes politiques, les plus mobilisateurs, les plus teigneux. Pour ceux-ci donc, les week-ends étaient mis à contribution pour faire leurs démonstrations de force et ainsi attirer la sympathie du Chef de l’Etat. De nombreux acteurs politiques, sortis de nulle part ces dernières années, sont passés par cette voie. Pour les autres que Boni Yayi a fabriqué de ses mains, il leur exigeait parait-il de se mettre en scène aussi souvent que possible, pour ravir aux maitres de terre leurs fiefs longtemps incontestés. C’est ainsi que les tournées d’explications gouvernementales sur tout et sur rien étaient annoncées et que des Ministres sans aucune connaissance dans certains domaines, allaient de semaine comme de week-end, devant les populations faire leur show avec l’assistance des hommes du terroir. Récompenses, des nominations à la clé ici et là.

Avec Patrice Talon, le mode de récompense est tout-à-fait différent. Ce sont les fidèles, les amis parmi les amis qui sont les premiers appelés aux affaires. Viennent ensuite les amis des amis dont la fidélité est clairement éprouvée. Les nouveaux ralliés dont le soutien est évidemment utile aussi. Les autres attendront. Les déclarations tardives de soutien n’ont d’impact que celles des acteurs les plus importants.

Il arrivera bien le moment où les week-ends recommenceront à bruisser de politique. En attendant, les hommes politiques de tout bord profitent des choix politiques du chantre du Nouveau départ pour faire quelques économies.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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