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10 août 2016 3 10 /08 /août /2016 13:44
Joseph Djogbénou : un amphitryon sur le gril

C’est, comme qui dirait, le plus actif des chantres du Nouveau départ. Un porte-parole ou même une icône. Le Ministre de la justice, de la législation et des droits de l’homme depuis sa nomination, incarne presque à lui seul les qualités revendiquées du nouveau régime : élégance, éloquence, ponctualité, sobriété, rigueur et j’en passe. C’est peut-être pour toutes ces raisons que le Chef de l’Etat, Patrice Guillaume Athanase Talon, a décidé de l’appeler très tôt à ses côtés pour bénéficier de ses atouts et en faire bénéficier le gouvernement. Mais tout sémillant soit-il, Maitre Joseph Djogbénou est vraisemblablement arrivé à ce moment où tous les dirigeants commencent à perdre de leur lustre. Le motif ici, la grève d’une partie de ses administrés qui, s’il n’y prend garde, pourrait déteindre sur le reste de l’administration publique et altérer sa propre image.

Cela fait déjà quelques années que les travailleurs du secteur de la justice autres que les Magistrats, rongent leur frein. Aux côtés de fonctionnaires parmi les mieux traités du pays, ils éprouvent le sentiment d’être des agents de seconde zone. Bons à assister les hommes en toges dans la quasi-totalité des fonctions de ces derniers, mais avec des niveaux de rémunération qui n’ont rien, mais absolument rien de commun. Réunis au sein du Syndicat national des Travailleurs de la Justice (SYNTRA-Justice), ils dénoncent donc des conditions de vie et de travail qu’ils jugent déplorables et surtout la politique de deux poids deux mesures qui se traduit par l’existence d’un statut particulier au sein de la fonction publique pour le corps des Magistrats, mais pas pour leurs collaborateurs les plus immédiats. C’est ainsi que, pour fouetter et faire réagir les nouvelles autorités, un mouvement de grève de 48h a été déclenché et diversement observé les 3 et 4 août dernier. Mouvement passé à 72h depuis hier 9 août et susceptible de tacite reconduction jusqu’à satisfaction des revendications syndicales.

Et c’est ici que la superbe de Me Joseph Djogbénou, Ministre de tutelle, en vient à risquer d’être écornée. Il est accusé ni plus ni moins, de traiter le personnel de son Ministère, à l’exclusion des Magistrats comme je cite « ses étudiants d’amphi ». Ce qui pourrait signifier qu’il les prend de haut ou qu’il pense pouvoir tout leur apprendre. Alors que, pris dans le tourment de l’un des premiers mouvements de débrayage de l’ère du Nouveau départ, il était attendu du Professeur Djogbénou, naguère encore opposant et ardent défenseur des droits et des revendications sociales, plus d’écoute, de diplomatie et d’esprit de concession que ce que laissent entendre de lui ses administrés en courroux.

Dans les autres secteurs de l’administration où couve la fronde sociale, l’attitude de Joseph Djogbénou, sa préhension de la grève dans son propre ministère sont pourtant observées avec attention ainsi que me l’ont confié deux syndicalistes des Ministères de la santé et de l’Intérieur. Un peu comme si le règlement de la crise au Ministère de la justice pourrait être le signe de la disponibilité et de l’ouverture du nouveau régime à se saisir des problèmes syndicaux et y apporter des réponses concrètes.

Voici donc la redoutable épreuve de l’exercice des responsabilités politico-administratives. Tant qu’il était un des chantres de l’opposition face à Thomas Boni Yayi et à son système, la critique était aisée. Aisée et même, venant d’un rhétoricien de la trempe de Me Djogbénou, gracieuse. Mais « aller au charbon » a cela de particulier qu’il oblige à se salir. Après le charme de l’état de grâce, voici le cambouis. Et je crois savoir que même s’il transparaît pour l’instant une forme d’atermoiement dans sa posture, le Garde des Sceaux ne va pas chercher à se soustraire à ses responsabilités.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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