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8 août 2016 1 08 /08 /août /2016 10:22
Ajavon-Talon : de la lune de miel au soleil de fiel ?

Les mauvaises langues auront-elles donc raison d’avoir prédit que le tandem Talon-Ajavon ferait long feu ? Que l’entente cordiale entre le nouveau Président de la République et celui qui, au second tour de la présidentielle de mars 2016 lui a apporté un soutien décisif, tomberait en désuétude ? Des signes de frustration aux manifestations voilées de désamour, il semblerait bien que ce soient les plus pessimistes qui soient en passe d’avoir raison. Ce ne sont en tout cas pas les causes possibles de mésentente, qu’elles soient anciennes ou récentes qui manquent.

Les deux opérateurs économiques les plus fortunés et les plus puissants du Bénin, n’avaient parait-il, pas vraiment d’atomes crochus par le passé. Pas d’effusions d’estime, pas d’épanchements de bons procédés… Mais tant qu’ils opéraient dans des domaines diamétralement distincts, production, égrenage et exportation du coton pour l’un ; importation et réexportation de produits congelés pour l’autre, il n’y avait aucune raison pour que s’affrontent les deux mastodontes. Jusqu’en 2012 où peu après le début de son second mandat, Boni Yayi, alors Président de la République, a introduit le Programme de Vérification des Importations (PVI) dit de nouvelle génération, confié aux bons soins du magnat du coton, chargé dès lors d’une partie des opérations douanières, touchant de fait aux intérêts du Groupe CAJAF-COMON du champion national du poisson et de la volaille d’importation, Sébastien Germain Ajavon. La discorde qui en découla entre les deux hommes fut de courte durée. C’est-à-dire jusqu’à ce que Boni Yayi décide 10 mois plus tard de délester Patrice Talon de son nouveau gagne-blé ; mais elle fut suffisamment grave pour engendrer entre les deux opérateurs économiques une certaine animosité. Animosité que le Chef de l’Etat d’alors, devenu l’ennemi commun par le fait de son acharnement contre tous, allait encore contribuer à atténuer. Jusqu’au déclenchement du combat pour la succession. Combat remporté au final par Patrice Talon avec la contribution de Sébastien Germain Ajavon dans les conditions que chacun sait.

Trois mois après la présidentielle qui aura permis de dégager Thomas Boni Yayi et son système, les relents de brouille entre les deux alliés qui ne cessent de se propager dans l’opinion et dans la presse ont diverses origines. Plus ou moins justifiées. D’abord la formation du gouvernement et ses corollaires. Les partisans de Sébastien Ajavon, dont beaucoup essaient de retrouver leur autonomie, s’estiment lésés de n’avoir pas été appelés en masse au gouvernement. Et reprochant même à leur leader de ne pas se montrer assez exigeant dans la redistribution des autres postes politiques. Un autre motif pourrait être la réconciliation rapide Houngbédji-Talon. Trop rapide pour de nombreux observateurs, et signe que Patrice Talon ne souhaite probablement pas voir émerger dans la région de l’Ouémé et du Plateau un fief politique pour son puissant allié opérateur économique.

A cela, il faut ajouter la menace à peine voilée du Chef de l’Etat, à l’occasion de la discussion « à cœur ouvert » du 1er août dernier à la télévision nationale, de s’attaquer au tout-puissant empire de son partenaire de coalition pour l’obliger à respecter les règles de la concurrence et la promotion de la production locale de volaille que parait-il, ses activités menacent d’extinction. Le langage était certes très feutré, très diplomatique, mais la menace était claire.

Il faut noter que la patience dont fait preuve Sébastien Ajavon jusque-là est remarquable. Mais quand arrivera l’heure du soleil de fiel, par opposition à la lune de miel qui s’en va s’étiolant, les Béninois risquent de regretter la rocambolesque rivalité Talon-Yayi qui a provoqué en même temps que les grincements de dents y associés, beaucoup de risées, tant certains épisodes étaient rocambolesques. Nul ne saurait prédire ce qui, en ce moment-là, pourrait survenir, mais il est aisé de penser à l’avance que ce ne sera pas une banale rivalité.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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commentaires

D
Même si on allait aux présidentielles demain ,tout l'Ouémé et le Plateau voterait pour AJAVON-Le mythe HOUNGBEDJI est fini.Et puis est ce que TALON était réellement le 2nd de la présidentielle dernière?
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