Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
21 septembre 2016 3 21 /09 /septembre /2016 08:21
Service militaire d'intérêt national : quand les ex-marionnettes de Boni Yayi menacent

On les avait presque complètement oubliés, ceux-là ! Les appelés du Service militaire d’intérêt national (SMIN) sont de retour dans l’actualité. Non pas parce que le Chef de l’Etat les aurait fait mobiliser pour remplacer au pied-levé des agents de santé ou des douaniers grévistes invétérés, cette époque-là est bien révolue, mais simplement et justement parce que le temps où ils pouvaient nourrir des espoirs de se voir reverser dans la fonction publique sans aucune forme de procès s’est estompé avant même le départ du pouvoir de ce cher Thomas Boni Yayi qui leur a tant promis et si peu donné.

C’était là l’une des inventions les plus caustiques de l’ancien Président de la République. Peu après son accession au pouvoir, plus à raison qu’à tort sans doute, Boni Yayi avait cru déceler une déficience de patriotisme et de discipline dans l’administration béninoise. Pour pallier cet état de fait, il n’aurait probablement pas hésité, si la possibilité lui en avait été donnée, de renvoyer tout ce beau monde dans les camps militaires pour apprendre quelques règles d’ordre et l’amour du drapeau tricolore. Mais il lui fallait se contenter de soumettre à cette fortune les nouvelles recrues de la fonction publique et plus globalement les jeunes en quête d’emploi.

Vote d’une loi, mise à contribution de l’état-major militaire et de l’armée, recrutement de milliers d’appelés dans divers domaines (santé, enseignement…) et voilà, Boni Yayi avait trouvé du nouveau bétail électoral et surtout, pensait-il, son meilleur moyen de pression sur les cadres de l’administration publique. Au moindre débrayage dans quelque secteur que ce soit pour fait de grève, le Chef de l’Etat faisait simplement appel à ses « appelés ». Pour remplacer ici des enseignants, là, des agents de santé, là encore, des douaniers, voire même des diplomates. Sans qu’à aucun moment, la procédure n’ait abouti, à ma connaissance. Les pauvres, pourtant, y croyaient. Ils avaient toujours leurs dossiers à jour, prêts à saisir la moindre opportunité que leur offrirait le Chef de l’Etat. Peut-être n’avaient-ils pas compris être devenus des marionnettes entre les mains d’un Président de la république plus soucieux de jouer le maitre-chanteur que d’offrir des emplois décents à ses jeunes compatriotes.

Depuis, les malheureux qui parmi eux n’ont jamais pu se faire insérer dans la moindre fonction publique ou privée, errent à la recherche d’un point de chute et de leurs espoirs déçus. Raison sans doute de leur réapparition dans les rues ces derniers temps, avec des slogans proprement martiaux et menaçants. Occasion toute trouvée de s’interroger sur l’application de la loi sur le SMIN qui a semble-t-il été abandonnée depuis plusieurs années du temps même de celui qui a tout fait pour que l’Assemblée nationale la vote. Occasion également de s’interroger sur la part de responsabilité de Boni Yayi dans le triste sort de ces jeunes qui menacent de devenir des « braqueurs professionnels » ou pire « Boko Haram », si rien n’est fait pour eux.

Voilà encore un des scabreux héritages de la triste gouvernance Yayi. Prompt à avilir les plus nobles des idées en les détournant à des fins machiavéliques dont lui seul, au départ, connait la destination. Sinon, un service militaire d’intérêt national pour toute nouvelle recrue dans la fonction publique, quel mal à cela ? Aucun, bien au contraire. Il a fallu que Boni Yayi en fasse des tonnes, en fasse appeler plus qu’il n’en fallait, les utilise à des fins de manipulation, et les abandonne à leur sort dès lors qu’il n’en ressentait plus l’utilité. C’est peut-être vers lui que devraient se tourner ces milliers de jeunes aujourd’hui en déshérence.

Mais il a de la chance, notre ancien Président de la République. L’Etat est une continuité, et il lui revient de régler les problèmes engendrés par les gouvernants quels qu’ils soient. En plus, nous sommes au Bénin. Pays d’indolence et pays de passivité. Ailleurs, Boni Yayi serait déjà devant la justice, confronté à ses promesses non tenues, ses mensonges, ses incartades, ses manipulations, ses trahisons… sans que quiconque ne redoute la réaction de ceux qu’il appelait les « siens du pays profond ».

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

Partager cet article
Repost0

commentaires