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4 juillet 2016 1 04 /07 /juillet /2016 11:51
Fiasco annoncé au BEPC : la piqure de réveil ?

Il est grand temps que le Bénin reprenne en mains son système éducatif. Nouveaux programmes, approches par compétences, expérimentations diverses… Près ou plus d’une décennie après la généralisation de ces méthodes d’enseignement importées de je ne sais plus où par je ne sais quelle alchimie, les résultats calamiteux qui se profilent à l’horizon, à en juger par les commentaires et autres projections des enseignants correcteurs, devraient être l’occasion pour un Etat responsable et soucieux de l’avenir de sa jeunesse et de son peuple de procéder à un bilan rigoureux et de prendre des mesures, aussi difficiles puissent-elles paraitre.

Le « quartier latin » qu’était le Dahomey, est parait-il, devenu un quartier crétin. C’est à peine que ceux qui le disent, exagèrent. Les qualités intellectuelles, les aptitudes, les compétences qui ont fait des Dahoméens d’avant-hier et des Béninois d’hier des dépositaires et les dispensateurs parmi les plus incontestés du savoir en Afrique francophone subsaharienne, sont de toute évidence en voie de disparition. La faute à un agrégat de facteurs parmi lesquels l’instauration des célèbres « nouveaux programmes » et de leurs fameuses « approches par compétences », mais aussi d’une détérioration profonde de la qualité de l’enseignement autant que des conditions d’administration de cet enseignement sur toute l’étendue du territoire national.

Ils sont nombreux, les acteurs de l’enseignement à affirmer que les « nouveaux programmes », en soi ne sont pas mauvais. Mais il y a certaines de leurs implications que l’observateur, à la comparaison avec les programmes précédents, ne peut que déplorer, voire dénoncer. Il s’agit entre autres de la disparition de la dictée en enseignement de la langue française, la suppression de la leçon de morale, des méthodes d’évaluation pour le moins complaisantes, la suppression du châtiment corporel (j’assume de l’affirmer)… Ces bonnes vieilles recettes qui ont fait le succès des écoliers et élèves béninois d’hier à tel point que le CEFEP ou CEPE, équivalent du Certificat d’Etudes Primaires d’aujourd’hui, est considéré par de nombreux doyens comme de valeur supérieure au Brevet d’études du premier cycle actuel. A en juger par les énormes insuffisances des nouveaux diplômés.

Aux effets nocifs des nouveaux programmes, il faut ajouter la décadence du niveau des instituteurs et enseignants. Infiltrés de plus en plus dans le métier, non par vocation, mais par besoin, beaucoup de ceux-ci contribuent par leur manque d’enthousiasme et d’aptitudes à détériorer la qualité de l’enseignement, d’autant plus qu’ils sont de plus en plus nombreux à être eux-mêmes des produits du système ici en cause. Au surplus, le reversement massif, voire aveugle de personnel enseignant dans la fonction publique sous les régimes du changement et de la refondation de Thomas Boni Yayi, s’il a paru à un moment constituer un accompagnement légitime à la gratuité décrétée de l’école primaire et en partie du secondaire, n’a certainement pas apporté plus de sérénité et de qualité à l’école béninoise.

Enfin, les nouvelles technologies de la communication, les réseaux sociaux, la précocité de l’addiction au téléphone portable, sont autant de raisons qui expliquent chacune en partie, le fiasco annoncé du BEPC 2016.

C’est au regard de tout cela que le régime de Patrice Athanase Guillaume Talon, qui veut compter sur des Béninois de talents et de compétences, ne peut se payer le luxe de fermer les yeux et de continuer comme son prédécesseur à ordonner l’ajustement des taux de succès par le rachat des candidats… Quel que soit ce qu’ils rapportent au Bénin en termes financiers, car il parait que ce sont de gros sous qui y passent, les « nouveaux programmes » et les autres problèmes identifiés font plus de tort à la patrie qu’ils ne lui rapporteront jamais de dividendes. Il est temps de retrouver la souveraineté de notre pays en termes d’éducation. L’avenir en dépend.

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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