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24 mai 2016 2 24 /05 /mai /2016 12:07
Le phrasé de Talon : trop assuré ou trop prétentieux ?

Il veut réussir là où tous les autres ont échoué. Nicéphore Dieudonné Soglo, Mathieu Chabi Chaad Kérékou, Thomas Boni Yayi. Patrice Guillaume Athanase Talon veut leur damer le pion. Réussir ce qu’en 25 années de démocratie, aucun de ses prédécesseurs cités à l’instant n’a réussi à faire : se faire porter en triomphe par ses compatriotes à l’issue de son mandat qu’il continue de vouloir unique. Enorme challenge pour l’homme qui se revendique « compétiteur né » et qui a la charge depuis de 6 avril 2016 de conduire les destinées non pas de n’importe quel pays, mais du Bénin. Si ce n’est trop de prétention, c’est au moins un excès d’optimisme. Qui risque dans cinq ans de le laisser Grosjean comme devant.

« Il est certes petit, le Bénin, mais son poids est immense », disait du haut de sa trentaine d’années de gouvernance le Président Mathieu Kérékou. Et pour cause… il ne suffit que de revisiter un brin de la tumultueuse histoire politique du pays, ne serait-ce que de la période du renouveau démocratique, pour s’en convaincre. C’est le même peuple qui un jour plébiscite un dirigeant qui cinq ou dix ans plus tard, l’efface des tablettes de l’histoire comme un malpropre, le rejette lui et ou son système, après lui avoir rendu bien pénible la gouvernance tout au long du mandat. Nicéphore Soglo l’a rudement éprouvé et en a perdu le pouvoir au bout de cinq ans. Si Mathieu Kérékou II et Boni Yayi ont pu se faire réélire, c’est au prix de lourds sacrifices et de parfois de gros subterfuges. Et il faut voir à quel point et de quelle manière tout le système qu’ils incarnaient a été rejeté dans les urnes quand arriva la fin.

Hériter du pouvoir de la part d’un peuple aussi exigeant et aussi instable, avec les défis colossaux qui se dressent sur son parcours et espérer sortir en apothéose, c’est au mieux des incantations charlatanesques, au pire l’annonce d’une gouvernance qui ne tardera pas à prendre des allures populistes, ce qui n’en garantit pas forcément la popularité. Exemple, Boni Yayi.

Patrice Talon est dans l’excès. A en juger par les propos tenus à l’occasion de l’interview donnée à nos confrères. Excès d’assurance. Excès de prétention. Peut-être même commence-t-il déjà à être déconnecté de la réalité. Quand on a des défis de l’envergure de ceux qui l’attendent dans le Bénin d’aujourd’hui à relever, on ne peut pas espérer en sortir populaire. Les réformes, quelle que puisse en être l’utilité, ont coutume de facher. Et les réformes dont a besoin le Bénin d’aujourd’hui, ne font pas et ne feront pas exception à cette règle. Dejà, les journalistes ne sont pas contents du coup de pied donné dans leur fourmilière. Et on sait à quel point ils peuvent être nuisibles s’ils le décident et rendre un chef d’Etat impopulaire. Quand il s’agira des autres réformes, dans les domaines de l’éducation, de l’énergie, de la santé, de la contrebande de carburant, de l’importation de marchandises prohibées, etc., Talon ne fera pas que des heureux. Pas tout de suite.

Si le Président béninois espère être porté en triomphe par ses compatriotes, ce ne sera pas dans cinq ans. Non. Peut-être dans 25 ans. Quand la société aura intégré ses réformes et que le peuple les aura éprouvées comme lui ayant été utiles sur le long terme. C’est à cela qu’il devrait penser comme il dit lui-même « constamment ».

C’est mon opinion, et je la partage.

James-William GBAGUIDI

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